- Bon, et maintenant c’est par où ?
- Par là je crois…
- P’tain ils font chier à pas mettre de panneau !
- Ca fait presque cinq ans que tu vis à Arswalt et tu ne sais pas où se trouve le Haut Lieu des élus ?
- Et toi alors ? Tu vis par monts et par vaux à pousser la chansonnette et tu ne connais pas Arswalt par cœur ?!
- Je vais par monts et par vaux comme tu dis mon cher ! Je connais mieux l’île que n’importe qui ! Pardonne moi de ne pas retenir d’aussi insignifiant détail que l’emplacement du Haut Lieu des élus !
- Aurélius, tu n’es qu’un saltimbanque éhonté…
- Dis donc toi ! Tu vas me faire regretter d’avoir repoussé mon départ pour les Montagnes Célestes !
- Peuh ! Tu parles ! T’es trop péteux pour t’y rendre seul, ça t’arrange bien que l’Arbre m’ai choisi, tu auras moins la trouille de partir avec moi dans tous ces endroits dangereux que tu n’as jamais foulé !
- Cher ami, si ce n’était que ça j’aurais tout à fait pu partir avec toi sans que tu ne sois élu de l’Arbre… J’te ferais remarquer que t’es un putain de mastodonte guerrier ! Là c’est retour à la case départ, adieu l’épée d’acier, bonjour le bâton de bois !
- Peste sur toi !
- Tiens regarde, c’est là !

Les deux comparses s’arrêtèrent net. Devant eux l’immense bâtisse les baignait de son ombre. Uthred resta un moment à la fixer, sous le regard presque amusé de son ami qui se demandait bien ce qu’il pouvait se tramer dans son crâne de piaf… Il aimait bien le nouveau look d’Uthred.
Ses yeux devenus jaunes et ses cheveux aussi argentés qu’une lame polie lui donnait un air encore plus mystérieux que lorsqu’il qu’il avait encore ses prunelles bleue et ses tifs noirs. A ceci près qu’à présent il faisait peur au moindre gosse… Mais bon, il savait qu’Uthred s’y habituerait et finirait par en jouer…
Finalement, l’ancien garde armé se mit en branle et passa la haute porte de la bâtisse. Aurélius resta silencieux et suivi son ami qui se présenta à l’accueil avant d’être dirigé là où il était attendu. Puis il fut refoulé.

- Tu me racontera ! lança-t-il joyeux
- C’est ça oui, pour que t’en fasse une balade romanesque, non merci !

Laissant là un ménestrel déconfit et piqué, Uthred passa la porte de la pièce où il devait se rendre avec un grand sourire.
Il avait hâte… Il ne savait pas du tout ce qui allait se passer, ni pourquoi l’Arbre lui avait murmuré faire de lui un mage – il était d’ailleurs toujours en colère – mais il savait qu’un merveilleux destin l’attendait…

- De quoi...?! Un moineau ?! Vous voulez que j'aille dégommer un putain de moineau ? Vous êtes sérieux ?!

Mais personne ne lui répondit et la porte par où il était arrivé s'ouvrit toute seule - l'invitant à sortir.

Fulminant presque encore plus que le soir où l'Arbre lui avait murmuré faire de lui un mage, Uthred sorti en trombe de la pièce, passant devant Aurélius qui lui emboita le pas en le hélant.

- Déjà de retour ? Et bah, se fut rapide ! Fais voir ton bâton !!!

Le ménestrel rattrapa son ami et saisit le dit bâton pour l'observer mais le tout nouveau jeune mage ne le laissa pas faire, tirant fortement sur la bâton déjà bien enserré dans sa main.

- Alors toi, LA FERME ! J'dois aller buter un moineau à la con alors me colle pas aux basques !

Et sans attendre, il reprit sa route, sortant de la bâtisse en laissant Aurélius sur place.

Le trouvère ne cherche pas à le rattraper. Il avait déjà vu son ami dans ce genre d'état et savait parfaitement qu'il valait mieux le laisser en paix... En même temps, il y avait de quoi ! C'était quoi cette histoire de moineau...? Sincèrement ça n'avait ni queue ni tête...

Se dirigeant d'un pas plus que vif vers les quartiers bourgeois, Uthred continuait de pester. Son regard déjà peu avenant avait pris feu comme celui d'un animal en charge - il fit s'écarter de sa route un bon nombre de passant terrifiés... Enfin arrivé au bon endroit, il se mit à scruter les hauteurs où pouvait se poser le moineau. Mais se fut au sol qu'il le repéra alors que chargé d'un bracelet bien trop lourd pour son petit gabarit autour de lui, il galopait aussi vite qu'il pouvait entre les dalles mal scellées.

- Te voilà saleté !

Combat: