Cela fait plusieurs jours que Eleanor s’était remise des précédents combats, celui l’avait beaucoup affaiblie, au point de ne plus savoir marcher. Son maître ne l’avait pas prévenue à quel point la tâche allait être difficile, si elle avait su tout ça depuis le début, elle se serait entraînée, c’est évident.

A force de la fréquenter, elle commençait à connaître la forêt presque comme sa poche, elle savait par où entrer, et connaissait bien les lieux à ne pas fréquenter au risque de croiser des monstres dont il valait mieux éviter, surtout pour quelqu’un qui n’est pas expérimenté. Par ailleurs, elle préférait y aller quand il faisait jour. Comme à son habitude, elle avait toujours sa hache et son épée, la hache lui permettait de couper quelques branches et des troncs d’arbre, qui sont pourris, tandis que l’épée était utile en cas de combat contre des monstres, par exemple.

Une femme de sa carrure devait être capable de se battre, au cours des batailles, elle avait appris différentes techniques, notamment celle de l’autre Acrobate qu’elle avait rencontré lors de l'affrontement contre les créatures du Fléau.

Arrivé près d’une zone de récolte, elle avait dégainé sa hache et s’était mise au travail, bien que d’un œil, elle continuait à guetter les alentours, elle ne voulait pas être une cible facile, un ennemi aurait pu apparaître derrière elle sans qu’elle puisse réagir. Heureusement, cela ne lui était jamais arrivé mais elle devait rester sur ses gardes. Elle commençait à avoir chaud, des gouttelettes ruisselaient le long de son visage, ses bras musclés étaient engourdis, on pouvait apercevoir des veines apparaitrent le long de son bras qui étaient dues à l’effort qu’elle devrait produire pour découper les branches. Peu à peu tous ses muscles devenaient douloureux, elle en avait profité pour faire une pause en s'asseyant sur un vieux tronc d’arbre. Elle avait pris le soin de déposer sa hache et son épée sur le sol, sur lequel grouillaient des araignées et d’autres insectes dont elle ne voulait pas connaître le nom, elle a toujours détesté les bestioles rampantes, elle se secoue régulièrement les cheveux par peur qu’ils élisent domicile sur son crâne.

Elle profita de cet instant pour se remémorer ses derniers combats de sorte à améliorer ses attaques, depuis quelques temps, elle avait pris un arbre comme cible pour ses entraînements, cela lui avait permis de s’améliorer, mais est-ce que cela sera suffisant pensa-t-elle ?  Elle n’y croyait pas de trop mais cela était mieux que rien. Malgré leurs différences, il y a une femme qu’elle appréciait - Anay, la guerrière - c’est une combattante qu’elle respecte, elle aimerait tant être capable de se battre comme elle, si elle devait apprendre des nouvelles techniques de combat, ce serait bien auprès d’elle.

Toujours dans ses pensées, Eleanor se disait qu’elle n’avait toujours pas rencontré son âme soeur et cela l'affectait, à son âge, d’autres jeunes filles étaient déjà mariées, certaines avaient déjà des enfants. Pour l’instant, elle n’avait connu que des rencontres fortuites et par chance, elle n’était jamais tombé enceinte.

- Et ton premier combat ?

- Oh ouiii ! Iain ! Raconte-nous ton premier combat !

« Je ne vous l'avais pas déjà narré, les filles ? »

Elles me répondirent en chœur que non. Je soupirais. Ce n'était pas particulièrement une histoire que j'aimais partager, mais bon. Je ne pouvais décevoir ces deux belles paires d'yeux qui me fixaient avec une profonde admiration. J'ignorais pourquoi les femmes avec lesquelles je passais la nuit étaient toujours fascinées par ma vie d'Élu, ni pourquoi elles voulaient toujours que j'en parle après l'acte, telles des confidences sur l'oreiller. J'imagine que c'était là pour moi un mystère.

J'allumais une cigarette comme j'avais pris l'habitude de le faire en un claquement de doigt, leur décrochant des expressions étonnées dans un Oh ! subjugué. A force d'en surprendre plus d'un avec ma magie, je me demandais si c'était là chose peu courante, de trouver un magicien au sein des Élus de l'Arbre de Vie. Sans doute pas, j'imagine. Je crachais de longs volutes de fumée, tout apaisé que j'étais alors, et je démarrais mon récit.


Après cette fameuse semaine dans les Montagnes Célestes à miner du cuivre, c'était transis que je m'étais mis en direction de la cité, à traîner derrière moi, et à la force - qui me restait - de mes bras la charrette remplie de minerais. Il me fallut même presque autant de temps pour rentrer à Arswalt que je n'en avais passé dans la mine ! Mais bon, je n'avais pas à me plaindre, après tout, je revenais bien chargé, Rufus allait être content.

Passé les portes de la capitale, je me pris en pleine face toute l'animation de la grande ville. Fléau et damnation, ma tranquillité et le silence de la nature me manquaient déjà ! Désormais de mauvaise humeur, je maugréais et pestais contre les passants qui semblaient obstinément se foutre totalement que je passais avec ma charrette, restant plantés dans le chemin. A croire que j'étais invisible ...
Le temps d'arriver jusqu'au quartier des commerçants, et spécialement devant la boutique de Rufus, il était déjà midi. Je hélais mon bienfaiteur pour qu'au moins il vienne m'aider à décharger la cargaison du précieux minerais. Ah ça, même s'il ne fut pas très content que je le sollicite, il fut de suite de bien meilleure humeur lorsqu'il vit mes récoltes ...

- Quelle efficacité, Iain ! m'avait-il congratulé.

En même temps, une semaine à miner dans les montagnes, il devait bien se douter que je reviendrais chargé comme un baudet !
Avec tout ça, ses affaires allaient se porter comme un charme, du moins je l'espérais. Enfin, pas de trop quand même parce que je le voyais venir le p'tit gars : si son lot partait comme un p'tit pain, il aurait vite fait de m'y renvoyer pour se refaire un stock, et même si la solitude commençait déjà à me manquer, j'étais davantage enclin à me poser quelques temps en ville, avant de repartir.

- Au fait ! me lança-t-il une fois tout le cuivre dans son arrière-boutique. Nous discutions avec Dahn. Ce serait peut-être bien que tu prennes ton rôle d'Élu plus à cœur, non ?

Aussitôt, je le fusillais du regard.

« Tu t'fous de moi ?! C'est toi qui m'a dit que je devais partir là-haut pour te ramener urgemment du cuivre ! J'étais parti dans l'idée de rencontrer des Élus plus expérimentés pour commencer, moi ! Genre, rejoindre une guilde ! Et maintenant, tu m'en fais le reproche ? »

Ce bâtard explosa de rire. Je l'aimais presque comme un père, mais qu'est-ce que j'avais envie de lui tordre le cou, des fois.

- Dahn t'a donné ceci, poursuivit-il une fois son hilarité calmée, tout en me tendant un vélin enroulé.

« Qu'est-ce ? » demandais-je davantage pour la forme, puisque j'étais déjà en train de le déplier et d'en lire le contenu.

- Une liste. Tout simplement. En tant que maître sculpteur, il veut bien t'apprendre comment te fabriquer une arme digne de ce nom. Tu sais. Pour canaliser tes pouvoirs. Il te faut juste ces composants.

Je le regardais, interdit. J'étais surpris qu'il était au courant, sachant que je l'avais moi-même découvert en pleine montagne. Puis, je me frappais le front du plat de ma main. Évidemment, boulet que j'étais : je lui avais envoyé une lettre à ma deuxième nuit dans l'auberge montagnarde. Cela m'avait coûté deux pièces d'or, mais il fallait absolument que je parle à quelqu'un de mes créations enflammées.
Je me penchais de nouveau sur le papier.

« Sérieusement ?! Des cergles, des dravens ou des cerbères ? Il vise pas un peu haut, le pépère Dahn ? Non parce que j'imagine que je vais devoir aller les chercher moi-même sur ces bestioles, n'est-ce pas ? »

- Un bon marchand sait comment gagner de l'argent, et un meilleur commerçant sait comment ne pas en perdre ! m'eut-il répondu gaiement.

J'avais encore envie de le frapper. Tout ce que j'avais avec moi pour me défendre était ce ridicule bâton cédé par le maître de l'initiation. Pas de quoi devenir un chasseur de créatures féroces ...

« Si je devais choisir entre le pire des trois, ce serait sans nul doute le draven. On raconte de drôles de choses sur le cerbère, et l'idée de risquer ma vie à flanc de montagne pour casser la gueule à du cergle ne me tente pas. On en trouve dans la forêt d'Istralis, c'est ça ? »

- Exactement ! Tiens, je t'ai préparé ton paquetage ! Bonne route !

« Quoi ? Là, maintenant ? Mais je viens d'arriver !! » m'exclamais-je alors qu'il me poussait vers la sortie.

- L'avenir appartient à ceux qui partent tôt !

...qui se lèvent tôt. Abruti.

Je protestais de toutes mes forces, mais le bougre cachait bien sa puissance ! En quelques secondes, j'étais à la rue, sa porte fermée et verrouillée.

« Mais ... mais j'ai même pas mangé ... », me plaignais-je pour moi-même, puisque plus personne n'était là pour m'écouter.

Grognon, j'allumais discrètement une cigarette et prit alors la direction de la sortie est, direction Istralis.


Trois ou quatre jours plus tard, j'étais arrivé à bon port. Non sans avoir croisé masse de braconniers, d'ailleurs. Voir tous ces cadavres animaux me soulevait le cœur, mais je me doutais bien qu'ils n'avaient pas forcément le choix : les temps étaient durs pour tout le monde, et il fallait bien gagner sa croûte.
Sans trop savoir par où commencer, ni où j'allais trouver du draven, je pénétrais dans la forêt avec l'innocence d'un bambin. Je m'étais dit, très naïvement, que si je devais tomber sur un, cela arriverait bien assez tôt.

Mains dans les poches et cigarette au bec, j'avançais avec mauvaise humeur, shootant dans quelques mottes de terre. Pourquoi fallait-il que j'aille m'épuiser à chasser ce genre d'immense bestiole ? Ca n'avait pas de sens ! Je pouvais aisément vendre mon cuivre, et m'acheter une arme décente. Enfin, je comprenais quand même l'intention derrière Rufus et Dahn : ce faisant, j'allais gagner en technique de combat, et je me retrouverais moins con devant un des sbires du Fléau, le moment venu. Cela n'empêche que je n'avais pas eu mon mot à dire, et que je n'en étais pas content !

Je marchais encore avant de me rendre compte que j'étais totalement perdu. Je me figeais sur place, regardant derrière moi. Morbleu, comment j'allais faire pour sortir ? Mais quel con ! J'aurais pu au moins faire quelques marquages, ou juste me souvenir de par où j'étais passé ! Je poussais alors un cri de frustration. Ca démarrait tellement mal ...
Puis, un mouvement sur ma gauche attira mon attention. Loin d'être sur mes gardes, je regardais dans cette direction et découvrit une jeune femme, rousse, assise sur un tronc d'arbre. Peut-être était-elle également perdue ? Ne croyant absolument pas à ma chance, j'esquissais un sourire tout en l'observant.

Allure élancée, un beau visage, une poitrine ... mouais décente, j'avais connu mieux. Ah, une épée de bois et une hache. Il ne fallait pas que je fasse trop le malin. Mais avec un sourire charmeur dont j'avais le secret, et un compliment bien placé, ce serait du gâteau. Raclant discrètement ma gorge et m'en allant dans sa direction, je passais à l'attaque.

« Bien le bonjour, noble dame ! » lançais-je très joyeusement en m'arrêtant à bonne distance, pour ne pas envahir son espace personnel. « Pardonnez mon intrusion, loin de moi l'idée de vous causer un quelconque désagrément mais ... je suis totalement perdu. C'est une chance que la providence ait placé une si belle fleur comme vous sur ma route ! »

C'était du bien joué, je me flattais toujours d'être aussi doué avec les femmes. Pas trop rentre-dedans, pas trop dur. Le ton était parfait, mon sourire calculé. Elle ne pouvait pas m'envoyer paître.

« Je cherche un draven. Plusieurs en vérité, sans doute, mais je me contenterai d'un seul, pour commencer. Auriez-vous une piste, une zone, une direction à m'indiquer pour venir au bout de ma quête ? »

Le jeune femme, toujours dans ses pensées, avait entendu au loin des bruits de pas, sur ces gardes, elle s’était remise de bout, prêt à en découdre s'il le fallait. En regardant de plus près, elle vit un beau jeune homme sortir des buissons et s’approcher d’elle avec une fière allure, mais pas de quoi impression Eleanor, elle en avait vu d’autres.

Son sourire ravageur en aurait fait fondre plus d’une, mais ce n’était pas le cas pour l’acrobate, néanmoins, comment aurait-elle pu se regarder dans une glace si elle l’avait envoyé paître. Et puis, elle aussi a débuté dans le milieu forestier. Elle ne pu s’empêcher de sourire, mais pas pour les raisons que l’individu pouvait penser, elle se foutait de lui.

Une si belle fleur ? Non mais qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre.

L’homme pensait bien faire en l’accostant ainsi, mais Eleanor n’en avait que faire, elle le regardait à peine. Chasser du Draven ? taillé comme il l’est, le Draven allait le manger tout cru ! On est jamais tranquille dans cette forêt pensa-t-elle.

Par politesse, elle lui avait quand même répondu.

“Des dravens ? vous en trouverez à la pelle plus au sud, on dirait qu’il y a un comme un nid dans cette zone. Mais vous n’allez quand même pas y aller tout seul ?”

Aussitôt, Eleanor regretta ses paroles, elle lui avait donné l’opportunité de partir à l’aventure avec lui. Pour faire comme si de rien n’était, elle s’était remise à taillader l’arbre qu’elle voulait abattre. De temps en temps, elle jetait des regards vers le jeune-homme, mais secrètement, elle espérait partir à l’aventure, avec son expérience, elle pourrait l’aider dans sa quête.

Elle stoppa net ce qu’elle était en train de faire et ajouta.

“Bon, vous n’y arriverez pas tout seul, j’ai déjà dû affronter des Dravens et croyez-moi ce sont des bêtes féroces. Je peux vous y accompagner, si vous le souhaitez”.

Le membre 'Eleanor d'Abeville' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'1D3 (Dé de métier)' :