En cette belle journée, Alarick était retourné à la guilde des bricoleurs pour voir si quelqu’un avait réalisé sa commande. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir un joli petit coffret gravé à son nom – plein d’imperfection certes, mais la personne n’était pas sculpteur comme lui – fermé par un ruban rouge qui contenait la rune. Il trouva tout cela très attentionné et imagina une femme derrière tout ça. Il ne put qu’éclater de rire lorsque Amorine lui lu le mot qui y était associé.

Le doux-dingue, ça ne pouvait qu’être lui à la réflexion… ! Mais ça n’en était pas moins touchant et le jeune homme se dit qu’il ne devait pas jugé Mélaskholès ainsi… Après tout, lui-même était habité par une certaine folie. Il demanda donc à Amorine d’écrire en retour pour remercier l’acolyte et accepter sa proposition de « représentation »… Alarick n’avait pas la moindre idée de ce que c’était mais il parlait de son nouveau bâton dont il était apparemment très satisfait ce qui mit encore plus de baume au cœur au jeune acrobate.

Il venait donc de récupérer la rune miroitante dont il avait besoin pour la capture d’une de ces bestioles poilues qui pourrait le suivre dans ses aventures et être – il l’espérait – moins rébarbative et chiante que son enchanteresse parasitaire… Il ne le dirait jamais à voix haute – parce qu’il la tenait tout de même en estime – mais il commençait à se demander si la présence d’Amorine à ses côtés ne lui était pas délétère… Et l’échange qu’il avait eut avec l’Ectoplasme et l’Autre quand il était encore en Istralis quelques jours avant n’y était pas étrangère.

Au début il avait éprouvé une sorte de gratitude. Certes, elle l’avait kidnappé et forcé à aller au Haut Lieu des élus mais c’était finalement grâce à elle qu’il avait découvert sa nouvelle voix et enfin donné un sens à sa vie de fuite. Mais à présent qu’il était bien lancé, il aspirait à plus de liberté… Elle lui en donnait – bien entendu – mais il ne pouvait pas partir plusieurs jours en dehors des murs de la cité sans qu’elle ne l’accompagne.

En cette belle après-midi nuageuse mais sans pluie, elle s’était rendue à la guilde des mages, lui laissant quartier libre. C’est donc tout naturellement qu’il s’était mis à parcourir les ruelles de la cité – bravant de mieux en mieux sa phobie oppressante – à la recherche de l’animal sur qui il avait jeté son dévolu. Là encore, il eut une petite pensée coupable pour Amorine alors que c’était elle qui lui avait parlé des créatures apprivoisables et dont la présence pour le moins magique, conférait indubitablement une amplification des capacités. Alarick avait ainsi choisi d’aller capturer un petit chiot.

Premièrement parce qu’il en avait déjà occis deux – et qu’il savait donc qu’il n’aurait aucun mal à en buter un troisième – et puis parce que cette boule de poils lui permettrait d’être plus endurant en combat. Il ne comprenait pas trop comment tout cela fonctionnait mais Amorine lui avait assuré que c’était réellement efficace…

Il passait donc de ruelles en ruelles de plus en plus sales jusqu’à enfin trouver l’objet de ses désirs. Là encore, la bestiole était en train de fourrer sa truffe dans les ordures à la recherche de nourriture. Alarick n’eut donc aucun mal à armer son arc et faire mouche du premier coup, enchainant deux flèches alors que tout son être était soudainement prit de cette nouvelle puissance intrinsèque qu'il s'était récemment découverte. Amorine lui avait expliqué que c'était une sorte de magie conférée par l'Arbre... Mais il s'en foutait un peu, l'important était que ça fonctionnait.

Ça commence à devenir vraiment trop facile… pensa-t-il tandis qu’il sortait la rune de sa poche Bon alors, comme ça marche ce bidule… Aaaah !

Sous ses yeux ébahis, la drôle de pierre s’était illuminée au moment où elle entra en contact avec la carcasse encore chaude du canidé alors qu’il s’était accroupi à son niveau.

Lâchant la pierre par instinct, il la vit se fondre dans le poil jusqu’à disparaître entièrement. Quelques secondes passèrent – juste assez pour qu’Alarick se demande si ça allait vraiment fonctionner, après tout, il avait tué le chiot, Amorine lui avait dit de faire comme ça mais en ce court instant il était très dubitatif – avant qu’il ne remarque que les oreilles de la bestiole s’étaient mises à bouger.

Il se redressa un peu et observa avec attention la résurrection magique qui s’opérait face à lui.

D’abord les oreilles, puis la cage thoracique qui se soulève de nouveau, une patte qui spasme, puis deux, la petite tête qui se redresse puis tout le corps – lentement – qui se remet d’aplomb sur ses membres. Il trouva que la créature avait un air agar avant que leur regard ne se croisent.

Sans prévenir, le chiot jappa, agitant la queue, puis sauta sur Alarick – le faisant tomber à la renverse. Le cœur du jeune homme fit un bond dans sa poitrine – l’adrénaline le submergeant – mais au lieu de crocs se fut une langue chaude et râpeuse qui se promena vivement sur sa figure.

- Ah mais dégage de là pignouf ! brailla-t-il tout en repoussant vivement l’animal
- Wouaf !
- Qu’est que t’as ? T’es content ? J’te signale que j’t’ai tué, pignouf !
- Woua… ?
- Hum, pignouf…?
- WOUAF !
- J’comprends pas, tu crois que c’est ton nom ?
- Wif !
- … Et bien, va pour Pignouf alors, ça rime avec touffe…

Laissant un sourire amusé étirer ses lèvres, Alarick tendit une main pour glisser ses doigts dans la toison épaisse et drue du petit et étrange chien qui se frotta instinctivement contre la peau chaude de son désormais maître, couinant de satisfaction en agitant la queue.

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