La jeune fille – maculée de boue – s'assit finalement sur son séant. Bêlzékiel qui avait retiré presque la totalité de la fange sur son visage s'écarta mais resta à côté d'eux, s'asseyant lui aussi à la manière d'un chien. Il poussa un faible bêlement rassurant.

Éloïse pris la parole et Uthred lui sourit.

- Oui, et tu le sera jusqu'à la fin de tes jours. il avança une main pour retirer une mèche encore un peu collée de gadoue du visage de la jeune fille Et nous sommes censé faire exactement ce qu'il vient de se passer... Protéger la population des créatures du Fléau. Soit en mettant fin à une attaque, comme présentement, soit en allant au devant du danger et chassant ces monstruosités.
- Là d'où tu viens, tu n'a jamais entendu parler du Fléau...? demanda doucement Aliénor

Voyant que sa pupille semblait plus emprunte que lui en cet instant à expliquer les choses à Éloïse, Uthred se redressa. Il avait promis au fermier de l'aider et plus tôt il s'y mettrait, plus vite ils pourraient repartir vers la capitale. Enfin, il se pouvait fortement qu'ils allaient devoir passer la nuit ici et perdrait donc une demi-journée de voyage... Mais c'était pour la bonne cause.

Laissant les deux jeune filles, il rejoignit le fermier et échangea avec lui. Ils retournèrent dans la masure incendiée et calculèrent ce qu'il leur faudrait en bois pour refaire la structure. Heureusement, la grande n'avait aps été touchée aussi le fermier avait ce qu'il fallait en paille pour le toit. Le torchis ne serait pas non plus un problème, c'était facile à faire... Non, le plus compliqué était de se procurer suffisamment de bois et tailler planches et poutres à la bonne taille. Uthred avisa deux mulets dans l'étable et se dit qu'il sera déjà facile de ramener le bois grâce à eux...

De son côté, Aliénor s'était lancée dans des explications les plus exhaustives possible alors qu’Éloïse avait répondu à l'affirmative à sa question, non sans moduler son propos, elle connaissait le Fléau sans jamais s'y être intéressée outre mesure car ça n'était pas son chemin de vie.

- Tu sais c'était pareil pour moi avant. C'est Uthred qui m'a tout expliqué ! Moi je savais juste que le Fléau était une engence maléfique apparue il y a des milliers d'années sur nos terres et qui avait pour simple but d’annihiler la vie. L'Arbre veillait déjà précieusement sur ses enfants, à cette époque seulement plantes et animaux. Et face au Fléau il a créé l'Homme. D'après ce que j'ai compris, à l'aube de l'humanité, tous et toutes étaient des élus, seulement là dans le but de bouter le Fléau hors de notre île. C'est seulement lorsque l'engeance a assez reculé qu'il y a commencé à avoir moins d'élu et que l'homme s'est implanté un peu partout sur l'île, semant et élevant, pour vivre tout simplement. A de nos jours on pourrait dire que le Fléau est maitrisé, mais il n'est pas pour autant anéanti alors il faut continuer la lutte... Arswalt et ses alentours sont assez sûr mais au sud du mur, érigé pour nous protéger justement de créatures plus maléfiques encore, le Fléau est bien plus présent et bien plus menaçant. Bien sûr il y a quelques villes qui sont sécurisé, là d'où je viens par exemple, Hyvriss. Beldine aussi, de ce que j'en sais... Mais plus au sud encore je ne sais pas... Enfin, toujours est-il que nous, les élus j'entends, on est là pour continuer à contrôler le Fléau. L'empêcher de reprendre le pas sur la vie. Et qui sait, peut-être qu'un jour, toute l'île sera sécurisée ! Qu'humains, plantes et animaux n'auront plus besoin de la magie bienfaitrice de l'Arbre. elle souriait, presque enthousiaste à cette idée

Elle était encore une enfant – elle aussi – et c'était plus facile à croire. D'ici quelques années elle prendrait conscience d'elle-même que la fin du Fléau ne serait pas au court de sa propre vie...

Uthred et le fermier étaient en train de se préparer à partir vers le bois le plus proche. Le fermier attelait ses mulets tandis qu'Uthred affutait son merlin. Une fois prêt, Uthred revint vers ses protégée pour les informer de ce qu'il comptait faire.

- Vous pouvez rester ici si vous voulez, la fermière et sa fille auront bien besoin d'aide pour nettoyer la masure et commencer à préparer les gerbe de paille pour le toit. De toute façon nous passeront la nuit ici et peut-être une bonne partie de la journée de demain. Détendez vous un peu. Bêlzekiel restera avec vous, pour plus de sécurité. il gratouilla la tête de son familier qui se laissa faire bien volontiers Je suis sûr que vous ne risquez rien, le fermier m'a dit que ca faisait dix ans qu'ils s'étaient installé ici et que c'était la première fois que des cerbères les attaquaient.
- Je les protègerais maître Uthred. fit Aliénor tout en se levant en s'aidant de son épée de bois qu'elle frappa au sol en signe de combativité
- Je n'en doute pas, je crois que tu es prête pour cela... lui répondit-il dans un sourire avant de se tourner vers Éloïse Et toi jeune fille, la perspective d'aider ton prochain semble fortifier ton pouvoir, je ne me fais aucun doute, si nécessaire, tu saura épauler Aliénor et guérir ses blessures... il lui souriait tout autant Mais, encore une fois, ce qu'il s'est passé était une attaque isolée, je suis sûr qu'aucune de vous n'aura besoin de dégainer son arme.
- Messire Uthreeeeeeeed ! tonna soudainement la voix du fermier qui venait à lui en courant, trainant ses mulets derrière lui Des monstruosité tentaculaire sont en train de venir sur nous !

En effet, derrière le pauvre homme – a encore plusieurs dizaine de mètres ceci-dit – deux arums étaient en train d'avancer lentement, juché sur leur tentacules végétales, leur racines à l'air libre toute prêtes à s'implanter dans le nouveau territoire... Sans doute le feu les avait attiré, les plantes savent bien qu'une terre est plus fertile lorsque des produit naturels y ont brûlés...

- Par la peste ! Tout le monde derrière moi ! rugit-il tout en allant au devant des créatures

Une fois tout le monde à l'abri, il matérialisa une boule de feu aussi grosse qu'il le pouvait. Il savait que s'il y mettait toute ses forces, il pourrait en désintégrer une du premier coup. Quant à l'autre, il se dit qu'un sort de sommeil suffirait à le ralentir... Et c'est donc ce qu'il fit.

Fort heureusement, sa boule de feu fut en effet assez puissante pour terrasser l'arum qu'il avait visé. Ce dernier agonisa dans un de ces cris strident absolument désagréable... Mais Uthred ne se laissa pas distraire et enchaîna avec son sort de sommeil sur le deuxième arum. Les tentacules retombèrent en même temps que le corps végétal s'affaissait au sol. Le grande fleur blanche se referma, prouvant qu'il était bel et bien endormi...

- Bon... Je retire ce que j'ai dis, ce n'est pas un endroit assez sûr... fit-il en se grattant le crâne Nous sommes dans une impasse fermier, tant que ta maisonnée n'a pas été nettoyée de ces cendres, les arums risquent de continuer à s'approcher. Remettons la coupe du bois à demain et nettoyons la maison. Enfin, quand on en aura fini avec celui-là... il désigna l'arum endormit du menton Mesdemoiselles, un petit entraînement ? Celui là dormira tant qu'on ne le frappe pas assez fort. Aliénor, tu peux essayer les passes que je t'ai apprises, mais arrête toi juste avant que ton épée ne le touche. Et toi Éloïse, tu peux aussi jouer de ton bâton. Ou essayer de lancer un sort de frappe, je connais un acolyte qui combat ainsi, il ne projette pas de feu mais un rayon magique qui trou la peau de ses ennemis. il se mit à rire doucement en pensant au Doux-Dingue de sa guilde

Aliénor était déjà debout, prête à mettre ses apprentissages en pratique et s'approcha de l'arum endormit. Uthred lui emboita le pas, en protection. Il ne doutait pas des aptitudes de sa pupille mais il ne fallait pas qu'elle soit blessée pour autant...

Quant au fermier, il se mit au travail avec sa femme et sa fille. Il était de l'avis du mage, mieux vallait vite dégager le bois calciné de sa maison...!

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