Quitte à être dans la forêt du grand noyé, autant aller faire un tour près du lac Vivan... Non pas qu'Alarick en garde de merveilleux souvenirs mais puisqu'il était dans une quête personnelle de paix intérieure, autant faire face à ses démons. Et puis, il n'était pas seul. Enfin disons que la personne qui l'accompagnait était bien différente du groupe avec qui il était sur les rives du dit lac il y a de cela plusieurs années. Sans compter qu'au point où ils en étaient, longer la berge ouest du lac en descendant vers le sud sera toujours plus rapide pour rejoindre les montagnes écorchées que de faire le grand tour par le nord est.

Amorine n'avait même pas cherché à dissuader Alarick lorsqu'il lui avait dit vouloir retourner sur les berges du lac Vivan après lui avoir raconté sa tragique expérience. Tout était différent aujourd'hui. Il était devenu un élu de l'Arbre de la Vie et s'était défait de sa vie antérieure. Ou tout du moins, il avait décidé d'aller de l'avant, et revenir en des lieux connus était une façon comme une autre d'affronter son passé. Et puis Alarick l'avait tout de même rassurée : il n'était pas fou au point de provoquer des êtres de l'eau, il savait bien qu'il n'avait pas encore le niveau...

Non, il voulait juste voir le lac, ses eaux scintillantes où miroitaient les cimes des arbres. Se recueillir aussi. Après tout, il y avait perdu un ami même si aujourd'hui il savait que cette bande de raclures n'en avaient jamais réellement été pour lui... A l'époque il ne le savait pas encore et celui qui avait sombré au fond des eaux troubles lui avait toujours été sympathique.

Bientôt, les eaux scintillantes du lac miroitèrent à travers les arbres de la forêt. Une fois face à l'étendue étrangement calme, Alarick s'arrêta. Amorine se stoppa elle aussi, restant en arrière – et attrapa Pignouf d'un sort de lévitation alors qu'il s'était élancé dans le but certain d'aller faire trempette... Il n'était pas question qu'Alarick subisse la perte d'un autre ami en ce lieux... Le jeune homme était d'ailleurs très silencieux et Amorine donnerait cher pour savoir ce qu'il se passait dans son crâne de piaf...

Elle était à ses côtés depuis maintenant plusieurs mois et, malgré ses confidences auxquelles elle ne s'était pas tout à fait attendue, elle n'arrivait toujours pas à le comprendre... Ses actes, ses paroles n'avaient parfois pas grand sens. Comme sa nouvelle lubie d'aller retrouver ses parents... Enfin, elle comprenait qu'il ai envie de les voir mais sa nouvelle destinée lui ouvrait bien d'autres chemins. En plus il n'avait absolument pas le niveau – en tant qu'élu – pour rester dans le coin... Certes, elle voyageait avec lui et éloignait elle-même le danger lorsqu'il était trop important mais cela étant, Alarick ne semblait pas savoir ce qu'il allait faire une fois avoir retrouvé ses parents. Dussent-ils encore être au repère des bandits mais surtout, encore en vie...

Enfin, elle aura bien le temps d'aborder le sujet, pour l'instant mieux valait qu'elle reste dans l'ombre bienveillante et protectrice. C'était le rôle qu'elle s'était attribué après tout, et qu'elle mènerait à bien. Alarick sera sans doute son dernier protéger en plus...

- Je crois que c'était là bas. dit Alarick, rompant brusquement le silence en pointant du doigt un endroit de la berge à quelque dizaine de mètre d'eux
- Plait-il... ? il l'avait sorti de ses pensées
- Là où Pierrot s'est fait attraper. il baissa son bras et renifla fortement
- Oh... Tu veux qu'on y aille... ?

Il hocha simplement la tête et repris sa marche. Amorine fit de même, restant en arrière, faisant toujours léviter Pignouf qui s'était mis à jouer dans les airs. Décidément, il semblait vraiment aimer ce sort, tant mieux...

Quelques minutes suffirent pour rejoindre l'endroit indiqué par l'archer. Il s'approcha d'un arbre – un vieil orme resplendissant – et en toucha l'écorce.

Sous ses doigts, gravé dans l'écorce, les vestiges d'une époque révolue.

C'était juste un cercle, bardé d'une dizaine de traits, comme plantés à la verticale sur tout le pourtour de la circonférence. Le signe de ralliement que la bande de « copains » avait choisie comme emblème. Le cercle représentait leur unité – comme une famille – et les traits leur individualité. Un pour chaque membre du groupe.

Alarick était toujours aussi silencieux, passant son doigt dans la gravure, lentement, débutant et finissant chaque traits avant de les sceller en parcourant le cercle. Puis il s'écarta d'un coup et se tourna vers le lac avant de faire une chose très surprenant pour Amorine qui ne le quittait pas des yeux : il s'agenouilla.

Bras tendus à la verticale de part et d'autre de son corps, il avait fermé les yeux et levé son visage vers le rayon de soleil qui frappait l'endroit où il avait choisit de choir.

Ô toi, puissant Arbre de la Vie, qui lutte chaque jour pour défendre la bonté en ce monde de ténèbres, toi qui m'a choisi alors que je n'étais rien, que je n'avais rien et ne faisait rien. Me suivais-tu depuis ma naissance ? Ou simplement depuis mon périple insensé... ? Si je n'avais pas quitté mes parents, m'aurais-tu appelé ? Veille-tu seulement sur les âmes de ceux qui tu as touché ou prend-tu aussi en ton sein celles qui sont tombé sous le Fléau ? Pierrot est-il avec toi... ? Et Marjane ? Oliver ? Nourrissent-il à présent tes branches, as-tu une feuille qui leur soit dédiée... ? Si je venais jusqu'à toi, en Istralis, dès maintenant, trouverais-je ces feuilles ? Ou ne t'occupes-tu que de tes élus, tes martyrs envoyé au front... Combien sont morts sous ta gouverne ? Le Fléau a-t-il suffisamment reculé ? Quand cessera-tu d'envoyer tes sbires... ? Arrivera-tu un jour à rendre cette île aussi sûre que les humains ont sécuriser Arswalt ?
Un jour viendra, mais pas aujourd'hui, pas pour toi...
Certainement pas pour toi c'est clair ! Tu finira empalé par une de ces fléeuses...

Restant au sol dans la même position, Alarick ne laissait rien paraître de ce qu'il vivait intérieurement. A dire la vérité, même s'il entendait l'Ectoplasme le mettre plus bas que terre, il l'écoutait sans que ça ne lui cause plus de mal que ça aurait pu l'être. Non sans prendre en compte une certaine part de vérité, c'était surtout la manière de le dire qui d'habitude blessait Alarick. Et il avait décidé que ça ne serait plus le cas.

Finalement il se releva, il n'aurait de toute façon pas de vraie réponses à ses questions et ça n'était pas non plus le but... C'était une simple prière, pour ses amis disparus.

Amorine n'avait pas bougé et lui fit un sourire lorsqu'il se tourna vers elle. Elle resta silencieuse, ne lui demandant pas ce qu'il venait de faire, et le jeune homme ne lui en parla pas non plus...

- On reprend la route ? J'ai pas très envie de passer la nuit au bord du lac.
- D'accord, mais il va falloir allonger le pas si tu veux qu'on dépasse le lac et qu'on sorte de la forêt.
- Au pire on trouvera bien un vieil arbre pour passer la nuit dedans. répondit Alarick en haussant les épaules
- Soit...

Le silence ce fit de nouveau tandis qu'ils reprenaient leur route vers le sud en longeant les berges du lac. Lorsque le soleil fut à son zénith ils étaient encore loin de quitter les eaux toujours aussi calme. Ils s'arrêtèrent au pied d'un arbre et déjeunèrent tranquillement de pain, de fromage et d'un petit rôti de sanglier qu'Amorine fit griller en le faisant léviter au dessus d'une boule de feu. Ils écoutaient les oiseaux chanter autour d'eux et les clapotis du lac qui ondoyait doucement. Pourtant, le silence ne dura pas.

Un clapotis plus fort que les précédents fit tourner la tête de l'archer.

- C'était quoi ça ?
- Sans doute un poisson, ne te tracasse pas, nous sommes bien silencieux, aucun être de l'eau ne se manifestera...
- Non, mais il y a autre chose... Alarick se leva lentement, prenant son arc, et se mit à regarder autour de lui
- Tu t'inquiète trop, le lac et calme et-
- La menace ne vient pas du lac... d'un coup, il arma son arc et a ses pieds Pignouf se mit à japper dans une position d'attaque

Amorine se retourna alors dans la direction pointée par la flèche d'Alarick.

Là, à quelques mètres d'eux, se tenait une créature bleuté aux longues oreilles.

Combat Ordre d'attaque : Alarick puis Chien Lapinou
Alarick, niveau 6 Vitalité : 145 Puissance : 0 Dégâts : 60 Rapidité : 130 Dégâts d'arme : 18 + 1D10 (3 Points d'action) Taux critique : Si 9 et 10 (36 + 1D10) Taux d'échec critique : Si 1 Points d'action : 6 Sournoiserie : Les deux actions au corps à corps qui suivent sournoiserie sont obligatoirement des coups critiques. (Tous les tours, 2 PA) Coup rapide : 65+1D10 (Tous les 2 tours, 3PA)	Chien lapinou, Niveau 7 Menace : Vitalité : 150 Dégâts : 50 Rapidité : 80

Amorine avait déjà vu ce genre de créature – auprès d'un membre de son ancienne guilde – mais n'avait jamais eu l'occasion d'en combattre. Elle ne savait donc pas quelle attitude adopter, ni ce qu'allait faire le chien lapinou, ni quels conseils à donner à l'archer.

- C'est un chien lapinou, un familier très prisé des mercenaires ou des acrobates voulant devenir assassins.
- Hein, de quoi ? fit Alarick, ne comprenant pas tout ce que lui disait l'enchanteresse
- Non rien, ce n'est pas le moment de t'expliquer tout ça, reste sur tes gardes ! Il n'a pas l'air agressif mais il reste une créature du Fléau tant qu'il n'est pas capturé.
- Il montre sacrément les dents quand même... !

En effet, l'animal aux grandes oreilles commençait à grogner. Face à lui Pignouf jappa de plus belle.

- Sssh !  Tais toi ! gronda Alarick pour que le chiot se taise

Son petit familier était sans doute pour beaucoup dans l'attitude belliqueuse de la créature face à eux. Mais il ne fallait pas pour autant envenimer la situation... Si la bestiole pouvait passer son chemin sans effusion de sang, ça arrangerait tout le monde...

Malheureusement, le chien lapinou ne semblait pas l'entendre de cette oreille et malgré le fait que Pignouf ait arrêter de le provoquer, il ne s'en alla pas pour autant et pire encore, se mit dans une position d'attaque.

- Attention !
- J'ai vu ! siffla Alarick, contrarié qu'Amorine intervienne Va-t-en ! il banda son arc et lança une première flèche

Il la voulait dissuasive et avait visé en avant des pattes du chien pour ne pas le blesser mais ce dernier avait bougé au même moment, se mettant à courir vers eux.

La flèche atterri en plein dans son échine et il lâcha un glapissement déchirant qui fit s'envoler des dizaines d'oiseau autour d'eux.

- Et merde... grogna Alarick tout en sentant sa puissance intrinsèque se diffuser dans ses bras

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