Arthur ne répondit pas vraiment à sa question, elle qui ne comprenait pas vraiment en quoi détenir le collier de son amie d'enfance allait déverrouiller ce qui la hantait. Elle avait cru qu'en cédant à son désir qu'elle le garde, il serait plus bavard sur la question, mais il semblait bien qu'il n'était pas prêt de revenir sur le sujet. Somme toute faite, ce n'était pas bien grave, elle n'allait pas faire une nuit blanche pour si peu.

Étrange que l'Arbre lui parle en rêve, elle ne savait pas de trop. Elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de se renseigner auprès de maîtres initiateurs, ceux-ci étant bien trop pressés à la fin de leur "test" de vagues amenées au mur. Et puis, Hecktor n'avait jamais semblé surpris. Même si cela lui arrivait de la taquiner sur le sujet. Peut-être qu'elle aurait pu poser la question à Amorine, même si elle était plutôt maître enchanteresse, peut-être aurait-elle eu des réponses, mais il fallait qu'elle s'avoue ne pas y avoir pensé.

Il avait déposé sa main sur la sienne, dans un sourire, très prévenant sur ce qu'elle pouvait ressentir et quant à la possibilité que ce soit trop éprouvant pour elle d'en parler. Elle lui rendit son sourire, et fit l'effort de lui dire ce qu'elle savait; autrement dit pas grand chose.

« En ce qui concerne les maîtres, j'apprécie ta proposition, mais je ne vois pas vraiment ce qu'il pourrait dire. Mon mentor Hecktor - un guerrier de surcroit - n'a jamais relevé plus que cela que je suis guidée ainsi, de manière onirique. C'est que selon toute vraisemblance, c'est déjà arrivé à d'autres. Du reste, rien ne me dit que c'est l'Arbre qui tente de me dire quelque chose, c'est tout mon problème : comment savoir si ce sont des messages de l'Arbre de vie, ou de mon esprit qui tente de me montrer des souvenirs perdus. »

Elle avait déjà fait ce constat à maintes reprises depuis qu'elle était harcelée un grand nombre de nuits. Et elle avait eu beau chercher, il n'y voyait pas la moindre différence.

« Non, pas que je sache. C'était un arbre tout à fait normal. Très haut à mes yeux d'enfant, sans feuillage, juste quelques branches épaisses, et sans la moindre fleurs ou le moindre bourgeon. Un arbre mort », répondit-elle enfin après un long moment de réflexion. « Je ne ressens rien de particulier pour cet arbre, si ce n'est que je m'y sans très attachée. J'ai pour habitude de jouer autour, et ... oui, peut-être bien que j'ai le sentiment que je ne devrais pas, mais c'est surement normal, j'imagine qu'on a du me répéter cent fois de ne pas y grimper de peur de me faire mal, comme à tous les enfants. J'ai bien conscience que ces maigres indices n'aident pas beaucoup, Arthur, mais c'est tout ce que j'ai. »

Elle verrait avec plaisir ses croquis, c'était une excellente idée ! Peut-être que si elle en voyait un certain nombre sous les yeux, peut-être pourrait-elle le reconnaître. Et elle allait le lui dire mais autre chose avait titillé sa curiosité.

« La prochaine fois que nous nous verrons à la maison de guilde, ou ... la prochaine fois que nous aurons un rendez-vous comme celui-ci ? »

En y repensant bien Arthur avait proposé d’en parler avec son maître mais au final Anay connaissait même surement mieux son maître qu’elle n’avait vue qu’en rêve … Quelle tristesse … En réalité le guerrier n’avait jamais laissé vraiment la possibilité à son maître de prendre la parole et de simplement expliquer à Arthur qui il était ce qu’il devait faire ou autre … Mais bon aucune chance que Arthur ne s’en rende compte après tout. Pourtant Anay était visiblement en train de relever quelque chose de très intéressant ! Comment est ce qu’elle pouvait savoir si ce qu’elle voyait dans ces songes étaient de l’ordre du message de l’arbre ou alors un souvenir du passé en train de refaire surface petit à petit ? C’était assez difficile il fallait bien l’avouer même pour Arthur, il était même possible qu’il y ait un troisième choix et que ce soit directement l’arbre qui essaye de faire revenir les souvenir d’Anay directement dans sa tête pour qu’elle retrouve toute sa mémoire ? Pour l’aider peut-être ? Si c’était le cas alors Arthur était vraiment béni de l’arbre !

Après l’avoir écouté un peu plus Arthur compris bien rapidement que quoi quelque soit l’entité qui désire faire en sorte qu’elle se rappel de son passé, l’arbre qu’elle voyait était pas l’arbre de vie. Mais par contre elle arrivait bien à ce souvenir intérieurement qu’il y avait un lien avec le fait qu’elle était tombée de cet arbre ? Voilà qui était étrange, le choc devait donc être imprégné directement au fond d’elle, son corps avait été meurtri c’était peut-être là, la raison de ce revirement ?

- Au contraire, dans les familles de noble il n’y a pas beaucoup d’arbre comme tu me l’as décrit c’est quelque chose d’assez rare même, par contre il faudra être certain que cet arbre soit directement lié à ta famille et pas qu’il se trouve chez un ami à t’a famille ou alors dans une forêt aux alentours … Les blasons pourront être une aide supplémentaire, à force de faire des recherches de mon côté j’ai pu rassembler pas mal d’informations j’essayerais d’en faire le tri pour te montrer ce qui peut potentiellement correspondre à tes rêves !

Il avala tout de même sa salive en marquant une petite pause tout en regardant la jeune demoiselle.

- Un rendez vous entre nous comme ça me conviendrait bien mieux, c’est plus intime comme je te suis entièrement dévoué tu peux avoir envie de me dire certaines que tu n’aimerais pas que d’autres membre de la guilde ne sache pareil pour moi …

Il remonta sa main le long de la table alors que ses doigts commençaient à effleurer ceux de la jeune femme.

- C’est le meilleur moyen de mieux se connaitre après tout non ?

Un bruit d’une personne en train de toussé fit sursauter légèrement Arthur qui se tourna en direction de la serveuse qui fit un petit sourire en indiquant que la taverne allait bientôt fermer, au final cela faisait un petit moment qu’ils étaient là mais Arthur n’avait pas vu le temps passer ! Il recula lentement sa main avant de prendre sa chope pour la terminer puis il donna une pièce à la serveuse pour payer les consommations.  Il se releva en premier pour présenter sa main à Anay.

- Madame, est ce que je peux vous raccompagner chez vous ? Les rues sont dangereuse la nuit vous savez melady

De manière incompréhensible, Anay frissonna de tout son être. Pourtant, elle n'avait pas froid. Les brûlures à son estomac ne pouvaient provenir que de l'alcool qu'elle avait ingurgité, et pas d'autre chose. Pourtant, aux mots d'Arthur, elle ressentit de nouvelles vagues de chaleur la parcourir. Il fallait croire que la boisson lui faisait un drôle d'effet. Pas étonnant qu'Hecktor désapprouvait autant.

Arthur lui confirma que ce ne serait sans doute pas le premier rendez-vous seul à seul qu'ils auraient dans ce genre d'endroits, et que, selon lui, c'était le meilleur moyen de se connaître. Ce n'était pas tout à fait exact, mais elle ne souleva pas.
Quand la serveuse vint les interrompre, ce fut comme si toute la bulle cotonneuse qui les entourait jusqu'alors venait d'éclater dans un grand pop qui la ramena durement à la réalité. L'endroit était sur le point de fermer. Ce qu'Anay trouva étrange sur le moment, mais une fois encore, elle était si embrouillée qu'elle ne souleva pas.

En galant homme, son compagnon de soirée s'était levée, et lui avait tendu la main, décidé à la raccompagner jusque chez elle. Où exactement, c'était la question : elle dormait tantôt à la maison de guilde, tantôt à l'auberge. Elle lui sourit, mais ne saisit pas sa main pour autant. C'était une grande fille, elle pouvait très bien se débrouiller toute seule. Ainsi, rassemblant ses forces pour dégager ses fesses du siège, elle se remit debout et ... ce fut une grave erreur. Si, assise, elle n'avait rien ressenti de particulier, maintenant qu'elle était sur ses jambes, tout son univers se mit à tourner. Elle perdit l'équilibre comme si les forces dans ses jambes s'étaient dérobées, et tentant de se rattraper à quelque chose, elle en oublia qu'elle ne portait pas de pantalon mais bien une robe. Elle n'était pas habituée à cette sensation et l'avait très vite oubliée. Maladroitement, elle fit tomber verres et ustensiles sur la table avant de retrouver l'équilibre en s'appuyant sur Arthur qui lui apporta une main secourable.

« Oh ... pardon je ... non tout va bien, je ne sais ce qui me prend ... » baragouina-t-elle.

Elle fit une nouvelle tentative, et s'autorisa à quelques pas dignes, le dos bien droit, mais là encore, ce fut un échec cuisant. Déséquilibrée, alors qu'elle pensait marcher droit vers la sortie, elle dévia de sa trajectoire sur la droite et se retrouva coincée sur la table voisine. Une chance qu'il n'y eut personne.
Anay entendit la serveuse s'impatienter, et tristement, elle leva des yeux humides vers Arthur.

« Je pense que j'ai trop bu ... »