Mélaskholès avait enfin les ressources nécessaires à la fabrication de son nouveau bâton. Le grand jour était enfin arrivé ! Malheureusement, il n'avait pas les connaissances pour le faire lui-même et devait par conséquent faire appel à un sculpteur. Il se rendit en plein centre d'Arswalt et plus précisément à l'atelier des maîtres sculpteurs. Il tenait à ce que sa nouvelle arme soit une pure merveille.

Il prit un morceau de parchemin et y nota sa commande, dans l'espoir qu'un bienfaiteur s'occupe de lui dans les plus brefs délais. Tel un enfant, il sentait que l'attente lui paraîtrait insurmontable. Il nota :

« Cher, chère sculpteur,
j'ignore qui vous êtes mais je compte malgré tout sur vos et vos fabuleux service. Voyez-vous, j'ai besoin de vous pour que vous me fabriquiez l'arme la plus belle de tout Naggaroth. J'en demande beaucoup, j'en suis conscient. Mais voyez-vous ce serait une véritable déception si mon bâton avait un défaut. Comment pourrai-je m'exercer à le lancer ? Comptez sur moi, je viendrais vous retrouver pour vous faire part de mon mécontentement si jamais je ne parviens pas à le rattraper. Car, si tel était le cas, vous vous doutez que cet échec ne sera pas de mon fait, mais du votre.
Je ne veux pas me montrer insistant mais...
Mélaskholès. »

Il n'y avait malheureusement plus de place en bas de son parchemin pour finir son message. Il se contenta donc de signer. Une fois chose faite, il placarda l'annonce sur un tableau et attendit que quelqu'un vînt s'occuper de sa commande. Il avait tout le temps qu'il fallait pour patienter.

Amorine avait une fois de plus réussi à trainer Alarick en plein centre d'Arswalt... Le jeune homme n'arrivait toujours pas à se faire à ses grands bâtiments oppressants mais il fallait qu'il se rende à l'évidence : il ne pourrait pas fuir plus longtemps le centre névralgique de la capitale... Au moins avait-il réussi à faire céder Amorine sur l'une de leurs destinations : la guilde des sculpteurs.

Le jeune homme aimait bien aller là bas, il y découvrait toujours de nouvelles techniques de sculpture et pouvait aussi y acheter du nouveau matériel. Depuis qu'il avait lui même fabriqué son arc, il avait de plus en plus envie de recommencer...

Mais Amorine qui avait de tous autres desseins - elle n'avait depuis bien longtemps plus besoin des services d'un sculpteur - se désintéressa rapidement des nombreux établis et étales que recelaient le hangar des maitres sculpteurs. Elle fini donc par faucher compagnie à Alarick - le prévenant tout de même de son départ - et rejoignit les tumultes du centre ville à la recherche d'un apothicaire à qui refourguer quelques unes de ses potions.

Le jeune homme se retrouva donc seul dans la caverne d'Ali Baba... Sa bourse se vit rapidement allégée alors qu'il s'était acheté un nouveau ciseau à bois, un petit maillet et différentes fraises manuelles à bois. Il s'acheta aussi de petits pinceaux pour nettoyer les sciures ainsi que de nouvelles pierres ponces plus ergonomiques et au grain plus fin que celle déjà en sa possession.

Il allait repartir rejoindre l'enchanteresse lorsqu'il remarqua le panneau d'affichage. Curieux, il s'en approcha et découvrit alors une multitudes de demandes pour fabriquer tel ou tel objet. Il se mit donc à lire - fastidieusement - les différents bout de papiers lorsque l'un d'entre eux attira tout particulièrement son attention...

Il eut beaucoup de mal à lire la signature, les lettres qui formait le nom étaient étrangement assemblées mais c'était justement ce qui l'avait attiré, comme s'il avait instinctivement lu sans que ça s'imprime complètement dans son cerveau. Mais lorsqu'il y parvînt finalement il éclata d'un rire franc. Sans plus attendre, il se mit à lire consciencieusement la note, étouffant de nouveau rire à mesure que les mots formaient les phrases dans sa tête. Il la relu une deuxième fois - rit de même - et tendit la main pour arracher le papier.

C'était une coïncidence tellement improbable qu'il ne voulait pas laisser passer cette aubaine...

Le papier en main, il alla se renseigner pour récupérer les matériaux laissés par Mélaskholès et demanda s'il y avait un poste de travail libre. On lui en indiqua un tout au fond du bâtiment et le jeune homme s'y installa donc. Relisant une fois de plus la note, le schéma du bâton demandé se dessina peu à peu dans sa tête...

L'acolyte voulait que son arme puisse être lancée et lui revenir en main. Alarick avait immédiatement pensé à cet objet avec lequel il jouait avec ses camarades étant enfant : un boomerang. Il n'avait jamais vu de bâton magique ayant cette forme mais, tant qu'on utilisait les bons matériaux, la forme importait peu non...? Du moins, c'est ce qu'il pensait...

Tout de même dubitatif, il préféra aller quand même se renseigner auprès des maître artisans. La plus part ne surent quoi lui répondre, disant simplement suivre les schémas d'équipement lorsqu'il s'agissait d'arme d'élu. Aucun d'entre eux n'avait jamais réalisé de bâton magique de cette forme. Mais finalement, un des maitres, qui était aussi un mage, donna raison à son analyse.

Une arme magique ne faisait que concentrer la puissance de l'élu. La magie ne venait en aucun cas d'elle. Les matériaux étaient essentiels, et devait être présents à un certain pourcentage qu'il fallait scrupuleusement respecter si on voulait que la magie s'y diffuse correctement. Tant que cet équilibre était respecté, l'arme pouvait bien faire la taille d'un cure-dent ou avoir une forme de fourchette que ça ne changerait rien à sa faculté de réceptacle et de diffuseur.

C'est donc fort de ces informations - et après avoir tout de même récupéré le schéma de base d'un bâton de l'initié - qu'Alarick se mit au travail.

C'était une réalisation somme toute très basique : le bois de hêtre servait à la base de l'objet et le cuivre à conduire l'électricité magique de son porteur. Quand aux flammes éternelles elles servaient tout simplement à faire fondre le cuivre et produire aussi du charbon de hêtre qui devait être en une certaine quantité au sein du bâton lui-même. Prenant un bout de parchemin et un fusain, Alarick se mit à dessiner plusieurs croquis avant de trouver le bon agencement.

Il commença ainsi à brûler deux buches de hêtres avec quatre flammes éternelles. Il fallait qu'il en récupère exactement deux onces, après quoi, qu'il les mette en poudre ou entière dans la réalisation finale n'avait aucune importance... Le temps que les bûches se consument correctement, il s'attaqua à la sculpture des quatre buches restantes. Dans chacune d'elle il tailla un quart de cercle à l'angle bien précis - c'était très important, sans quoi son boomerang n'aurait pas la forme forme pour revenir à Mélaskholès.

Une fois ses quatre bouts de bois correctement taillés, il perça un sillon en leur centre, allant jusqu'au bout du côté qui sera au centre du boomerang mais laissant un bon centimètre de l'autre côté. C'était ce sillon qui recèlerait la poudre de charbon de hêtre ainsi que quelques morceaux de quelques millimètres de diamètre. Il se rappela d'ailleurs juste à temps de son hêtre qui était en train de carboniser et pu donc le retirer des braises juste à temps ! Il pesa ce qu'il avait récupéré et fut soulagé d'en avoir trois onces. Il réduisit le tout en poudre grossière de son maillet et pesa de nouveau la quantité nécessaire - soit deux onces - qu'il mit de côté. Il s’attela enfin à faire fondre le cuivre - qui devait bouillir pendant quinze minutes avant d'être travaillé d'après les informations du schéma de base - à l'aide de la dernière flamme éternelle.

C'était la partie la plus complexe pour lui qui n'était pas forgeron mais l'ayant déjà fait pour son arc, il savait quel était les pièges de la manipulation de cette substance... Il parvînt donc à faire ce qu'il voulait sans se brûler ! Il fit donc couler le cuivre sur les bords de deux des ses arcs de cercles - les collant en leur centre, faisant de même avec les deux autres morceaux - avant de répendre le charbon dans le sillon central. Il refit couler du cuivre au pourtour plats du sillon et accola par dessus l'autre moitié du boomerang, appuyant fermement mais en faisant attention à ce que le cuivre liquide ne dégouline pas trop sur les côtés.

A présent, il fallait que le métal refroidisse et se durcisse de nouveau avant que le jeune homme ne passe aux finitions. Il se leva donc - dans l'intention de ranger son bazar en attendant - et sursauta grandement en découvrant qu'Amorine était revenue et qu'elle l'observait dans son dos. L'enchanteresse lui demanda donc ce qu'il venait de fabriquer exactement - ayant reconnu les ingrédient nécessaires à la fabrication d'une arme magique - et fut très surprise d'apprendre qu'on pouvait donner la forme que l'on voulait à son arme tant était qu'on respecte les proportions des ingrédients !

Ils se lancèrent donc dans une conversation où Alarick ferait un nouveau bâton à Amorine dans une forme autre que la classique qui était en sa possession et lorsqu'ils furent enfin décidés, le boomerang avait assez refroidit pour qu'Alarick le termine.

Consciencieux et minutieux, il se mit à poncer le bois et le cuivre afin de l'objet soit entièrement lisse. Puis, sans prévenir, il le lança en l'air.

Le boomerang décrivit un immense arc de cercle - surprenant bon nombre d'artisans qui plongèrent sous leur établi de frayeur - et termina sans aucun difficulté son cercle complet, revenant dans la main d'Alarick à l'exacte même hauteur qu'il l'avait lancé.

- Ça fonctionne !
- C'est super Alarick, Mélaskholès va être ravi !