Le bruit que faisait Uthred avec son marteau de forgeron eut tôt fait de particulièrement déranger le jeune archer… Commençant par se recroqueviller pour se concentrer sur lui-même et tenter de faire abstraction du bruit, il se rendit rapidement à l’évidence : ses tympans vrillaient trop, il devait s’éloigner.

Sans dire un mot c’est donc ce qu’il fit, allant le plus loin possible du groupe, Pignouf sur les talons. S’installant dos au mur de la salle, il reprit sa position fœtale et tenta de penser à des choses agréables… Mais c’était peine perdue. Depuis sa cuisante défaite dans l’arène il n’arrivait plus à être optimiste. Et être ainsi enfermé – pour un jeune homme comme lui à tendance claustrophobe même en plein air – était de moins en moins supportable… Le donjon n’avait aucune fenêtre donnant sur l’extérieur, il faisait froid, la lueur verte des torches magiques était angoissante, l’odeur de renfermé et de poussière devenait de plus en plus insupportable… Il aurait préféré continuer, ne pas faire de pause, enchaîner les combats contre les créatures et sortir au plus vite de ce château infernal… Mais leur meneur de troupe en avait décidé autrement.

Dans un certains sens, il avait raison ! Le jeune acrobate devait être mieux équipé, mais Alarick lui ne pouvait pas rester là à attendre, l’angoisse infusait de plus en plus son corps, lui provoquant des douleurs au ventre. Il repensa à Malaskholès et sa chiasse mais ça ne le fit même pas sourire tant il était mal… Il n’en fallut pas plus à l’Ectoplasme pour se manifester et plonger encore plus Alarick dans une mélancolie à la limite de la catatonie…

Il ne sut pas exactement combien de temps était passé, mais quand une main se glissa sur son épaule il sorti brusquement de sa torpeur, le faisant sursauter. Uthred le regardait intrigué – presque inquiet – mais l’archer se mit bien vite debout. Il était encore patraque mais il savait qu’il devait avancer pour sortir. Et puis il serait bien vite dans son élément : la chasse au monstre… L’Ectoplasme aurait beau dire, il était un très bon combattant du Fléau.

Suivant ses compatriotes, il se positionna le premier comme demandé par le mage et brandit son arc en pénétrant dans la nouvelle salle ouverte. Ce qu’il y vit hérissa l’intégralité des poils sur son corps. Son visage déjà blême devînt encore plus pâle que la mort.

- Oh putain non…! glapit-il alors que dans un mouvement de recul il passa derrière Mashoga juste derrière lui, lui attrapant les épaules pour l'utiliser comme un bouclier humain
Et bien alors troud’uc ? On a peur de minuscules araignées… ? susurra machiavéliquement la voix dans sa tête

Des centaines et des centaines d’araignées grouillaient partout dans la salle. Sur le sol, sur les murs, au plafond… Des dizaines de toiles éparses, blanches de poussière, paraissant comme autant de fantômes lugubres pendait tout autour d’eux. Il se mit à trembler de terreur.

- Sortez-moi de là ! Sortez-moi de là ! se mit-il à crier, faisant totalement demi-tour pour retourner à la porte

Mais Uthred en avait passé le seuil et la porte magique s’était refermée sur eux, sans qu’il ne puisse la rouvrir… Son cœur battait la chamade et il commençait à paniquer.

S’accrochant alors à Uthred, il se mit à lui grimper sur le dos malgré la désapprobation du mage qui tentait de l’en faire descendre. Mais la peur avait donné des ailes à l’archer qui bien vite s’installa sur les épaules du magicien et arma son arc.

Il se mit à hurler tout en bazardant le plus de flèches possible, dans un terrible accès de peur, ne se rendant pas compte qu’il offrait là à ses compagnons une scène d’un ridicule poignant… Des larmes de terreur et de rage transfigurait son visage, il était rouge tant le sang montait à son visage, poussé par l’adrénaline et son cœur qui battait à tout rompre.

La jeune femme corrobora ses propos, lui faisant comprendre qu’en réalité elle pensait comme lui mais qu’elle avait été mise à mal par quelqu’un ayant un autre point de vue. Uthred fut piqué de curiosité et voulu lui demander qui était cette personne qui avait perdu tout espoir de leur noble cause mais il n’en eut pas l’occasion. La jeune femme s’était relevée et l’informa qu’elle allait aller se laver dans une mare de sa connaissance…

Grand bien lui fasse ! Uthred ne se baignait jamais dans les eaux de la nature, trop pleine de bestioles et autres saloperie pour lui… Il préférait largement se faire chauffer de l’eau dans un chaudron et se nettoyer avec un linge humidifié… Hochant simplement la tête – ainsi qu’un petite sourire grave à sa remarque - il la suivit du regard jusqu’à ce qu’elle disparaisse. Etant enfin seul, il se déshabilla à son tour après avoir mis de l’eau à chauffer dans son chaudron de voyage. Lui aussi commençait à sentir l’animal, un brin de toilette ne lui ferait pas de mal !

Une fois en caleçon, il put observer l’étendue des dégâts sur son corps. Il était parsemé de contusions mais comme il s’en doutait, aucun organe vital ni artères n’avaient été touchés. Il avait quelques plaies ça et là mais rien qui ne nécessitait de point de suture… Une fois l’eau chaude à sa convenance, il retira le chaudron du feu et y plongea son linge. Commençant par nettoyer les blessures crasseuses de sang coagulé il y appliqua un des onguents qu’il avait acheté à la capitale. Il nettoya ensuite le reste de son corps et fini de se déshabiller pour une toilette plus intime… C’est à ce moment là qu’il entendit les cris d’appel à l’aide d’Anay.

Se relevant d’instinct – nu comme un vers – il darda son regard dans la direction des cris. Ce qu’il vit alors le fit instantanément rougir et il se retourna vivement, présentant ses lunes blanches à la donzelle. Se rendant compte qu’il était tout aussi nu qu’elle il fut d’abord prit d’un immense sentiment de honte avant de réaliser qu’au moins ils étaient tout deux dans la même situation.

Décidant alors de faire fit de son exhibition, il leva les yeux pour tenter de repérer la créature volante. Ce fut chose assez aisée, le draven volait en cramponnant le tissu clair dans ses serres, il était facilement repérable même dans la nuit – les lueurs du feu et des étoiles suffisait à faire miroiter le noble tissage. Se mettant alors à courir, il usa de toute la force de ses jambes pour sauter le plus haut possible pour attraper l’oiseau de malheur qui fort heureusement ne volait qu’à deux mètres du sol.

Arrivant même au-dessus de lui, il put l’enserrer dans ses grands bras, le coinçant contre son torse, et atterri dans un roulé boulé calculé. Le draven croassait comme un beau diable et se démenait contre lui. Craignant d’être griffé par les griffes acérées, Uthred le relâcha instinctivement. L’animal qui avait prit peur avait lâché le tissu qui resta donc au sol tandis qu’il s’envolait à tire d’aile. Soupirant d’aise, le mage prit le temps de se relever tout en ramassant la chemise.

Se retournant vers la jeune femme qui arrivait à sa hauteur, il lui tendit son vêtement tout en gardant les yeux levés au ciel et sa main libre devant son intimité masculine.

- Il a bien choisi son moment cet oiseau de malheur… Quand j’dis que ces putains de dravens sont des êtres abjects doués d’une intelligence supérieure qu’il faut absolument exterminer je ne dis pas ça en l’air ! dit-il à toute vitesse, les joues rougissantes J’étais en train de me laver moi aussi, mais j’aime pas les eaux naturelles, trop froides, trop pleine de bestioles, j’sais pas comment tu fais, moi ça me hérisse tous les poils du corps et contracte tous mes membres ! puis se rendant compte de ce qu’il venait de dire il enchaina maladroitement Je parle de mes muscles hein ! Pas de mon sexe hein ! Enfin, non pas que tu t’en préoccupe, c’est le cas ? il lui jeta un rapide regard réflexe avant de rougir encore plus et agir d’un autre réflexe : passer ses deux mains sur son visage, révélant ainsi son intimité Oh merde ! lâcha-t-il de nouveau avant de recouvrir son entre-jambe et même se retourner, montrant alors de nouveau ses lunes Pardon Anay ! Je suis vraiment désolé ! Je t’ai regardé en plus ! Oh bordel, c’est trop humiliant comme situation… il se recroquevilla alors en s’accroupissant dans l’herbe

Il se sentait comme un gosse qui se met à nu pour la première fois devant la fille qu’il aime.