- Allez, la belle endormie ! On se lèèèève !

M'en roulant dans ma couverture, je grognais.

« Va te faire foutre, Dahn ... », grommelais-je, encore ensommeillé.

La nuit avait été agitée, et j'étais épuisé de notre route. Des yeux jaunes de dravens, des yeux jaunes de dravens ... Rufus et Dahn n'avaient plus que ces mots en bouche depuis quelques temps, et me suppliaient pour que j'escorte l'un des deux jusqu'à la forêt d'Istralis. J'ignorais même ce qu'ils comptaient faire avec ça : pour ce que j'en savais, j'en avais suffisamment pour fabriquer mon sceptre. Mais peut-être qu'ils savaient quelque chose que moi pas. Peut-être que c'était un composant particulièrement recherché en ville, et qu'ils cherchaient à s'enrichir. Dans tous les cas, même si j'avais clairement exprimé mon ennui, j'avais finalement accepté et avec Dahn, nous nous étions mis en route. Comme toujours, voyager avec ce potelé relevait davantage de la promenade au gré du vent qu'un périple, tant nous avancions beaucoup trop lentement à mon goût. Les courts sur pattes, je vous jure ...

Une fois en Istralis, nous ne nous sommes pas trop éloigné de l'orée de la forêt, et avons établi un bivouac modeste mais suffisant. Et de mes précédentes aventures, j'avais acquis l'expérience qu'endormir sa vigilance dans cette forêt était synonyme de problème. J'avais alors monté un premier tour de garde, sans toutefois parvenir, le moment venu, à réveiller ce gras double qui bavait tranquillement sur le pouce qu'il suçait. A son âge ...
J'avais du faire fuir quelques nuisibles, repousser des vermines et tenir éloignées des hiboulettes qui lorgnaient sur les restes de nos repas que Dahn avait évidemment oublié d'enterrer. Cela n'avait pas été de tout repos, mais quelques heures avant l'aube, j'avais décidé de finalement me reposer quelques temps, quitte à nous mettre temporairement en danger en baissant ainsi ma garde.

Que cette raclure s'amuse à me réveiller aussi tôt avec un tel entrain était une insulte sans nom ... Il me secoua davantage.

- Quelle marmotte tu fais ! Ce n'est pas comme ça que nous allons chasser du draven, tu sais !

« J'aurais été beaucoup plus volontaire si je n'avais pas du passer la nuit entière à monter la garde parce que partenaire de voyage dormait à poings fermés comme un gros bébé », rétorquais-je avec mauvaise humeur.

C'était inutile d'espérer grappiller quelques instants de repos supplémentaires, le boursouflé n'allait pas me lâcher d'une semelle tant que nous n'étions partis. Avec difficulté et titubant, je m'arrachais à la douceur de mes couvertures, et, encore totalement dans le brouillard, je rangeais maladroitement mes affaires.

- Le grand Iain se vantait pourtant de pouvoir tenir une nuit éveillé en bonne compagnie ..., railla-t-il, gaiement.

« En général, le grand Iain préfère sa compagnie plus élancée et avec moins de poils. Et c'est cette compagnie qui me tient éveillé ... »

- Oh là là ! Je t'arrête de suite, gamin ! Pas question que tu fasses de moi ta chose !!

Je me retournais brusquement vers lui. Avais-je bien entendu ? Dahn se tortillait comme une jeune pucelle intimidée devant son premier amant, les joues rougies par l'embarras. Pantois, je réfléchissais à ce que j'avais bien pu dire pour susciter un tel émoi, et ce n'est qu'après un temps beaucoup trop long que je compris l'allusion que j'avais faite, bien malgré moi. Je pouffais de rire.

« Si tu as terminé tes enfantillages, partons. »

Dahn éclata d'un rire joyeux, redressa son sac sur son dos, et me suivit bien gentiment. Ensemble, nous nous avancions dans Istralis, à la recherche de ces corbeaux des ténèbres.

La grande aventure avait maintenant commencer pour le jeune et beau Solomon ,enfin grande aventure... Les débuts plus exactement, étant loin d'avoir le grand accoutrement du chasseur qu'il prétendait être en ce moment, devant plutôt se contenter de son canif et son couteau.

Pour remédier à ça il devait acheter de l'équipement, le problème étant qu'il n'avait plus un rond, viré de la famille, ainsi que de la bibliothèque , ses ressources de revenues étaient plutôt mince. La seul chose qui lui restait pour subvenir à ses besoin : la chasse.

Heureusement, étant l'un des meilleurs chasseurs de ces terres, faire fortunes avec les peaux récoltés n'allait poser aucun problème d’après lui avec ses talents naturels. C'était ce qu'il s'était répété pendant quatre jours en forêt n'obtenant aucune prise, même pas un lapin.

Solomon commencé sérieusement à voir noir. Un complot ! Tout ceci ne devait qu'être qu'un grand complot visant à le ridiculiser, à croire que toutes les créatures s'étaient légués contre se pauvre bougre. Bien entendu, il avait bien aperçut une ou deux proies chaque jours ,mais à chaque fois ,même en ayant visé avec son incroyable dextérité, les bestioles esquivé. A croire qu'il ne tombé que sur des choses sur humaine car bien entendu il était mondialement connu qu'un Idriss ne visait jamais à coté.

Le cinquième jours ,il se levait avec détermination pour capturer enfin une proie digne de ce nom, pliant le camp au petit matin. En vérité, il n'avait plus le choix, cela faisait deux jours qu'il n'avait plus aucune provision et que son estomac poussait des plaintes de plus en plus inquiétantes. Il était temps de prouver qu'il était un vrai mâle.

Il ne fallut que trés peu de temps à Solomon pour repérer son repas (5 heure en vérité). Son œil expert vit alors un rassemblent de ces rats mangeurs de carottes comme il se plait à la nommer. Sortant deux couteaux de sa ceintures, il vivat et ira.

Un cri de victoire résonnait alors dans la foret, Solomon sautillant comme une groupie avant d'aller réclamé ce butin durement gagné à la sueur du front. Pour la petite anecdote, il ne sera pas dit que les lapins avaient le soleil dans les yeux au moment où Solomon avait tiré.

Je vous aient eu foutu rat! Vous étiez des adversaires coriaces, mais vous n'étiez pas digne du grand Solomon !

Le pas victorieux et l'air conquérant, l'homme avait donc récupérer son butin s'imaginant déjà dans sa futur amure de cuir alors qu'en soit il ne s'agissait que de peau de lapin... Mais un bruit l’interrompu dans ses rêveries, se redressant brusquement en jetant un regard au loin tachant d'avoir un air charismatique et menaçant.

- Qui est là ? Je préviens je suis armé, croyez moi vous ne me voulez pas comme adversaires !

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'1D3 (Dé de métier)' :

- Tu m'en veux toujours de t'avoir réveillé, Iain ? entendis-je à côté de moi, me tirant de mes réflexions.

Je haussais un sourcil tout en le regardant d'un oeil interrogateur.

- Tu tires la gueule depuis que nous avons quitté notre précédent camp ...

Je ne m'en étais pas rendu compte. J'avais les pensées bien trop concentrées sur autre chose.

- C'est une fille ? Par le Fléau, se peut-il qu'il existe ENFIN une femme capable de résister à tes charmes ?.

Dahn était railleur, j'aurais été bien sot de ne pas m'en rendre compte, mais il ne pouvait pas être plus à côté de la plaque que cela. Je songeais, surtout, à tous les dangers qui pouvaient nous tomber dessus. Jusqu'à présent, dans mes déambulations, je n'avais pas eu l'occasion de rencontrer beaucoup de créatures dangereuses. Il y avait bien le draven, évidemment, mais je savais d'avance que j'en faisais mon affaire. L'impérial aussi, c'était une promenade de santé depuis que j'avais fait mes preuves, Dahn m'ayant pour témoin, lorsque je rencontrais Alarick et sa maître enchanteresse. Mais je savais que Naggaroth regorgeait de monstres sauvages, animés par un instinct de prédation; quand ceux-ci n'étaient pas corrompus par le Fléau.

Mais maintenant qu'il venait de le mentionner, oui, mes pensées s'étaient automatiquement réorientées d'elles-mêmes, et spécialement tournées vers une rousse sulfureuse qui, effectivement, tentait de se montrer insensible à mon charme. C'était d'ailleurs pas trop loin d'ici, dans cette même forêt, que je l'eus rencontrée. Pour tuer des dravens, encore une fois. A croire que je n'avais fait que cela, et miner du cuivre depuis que j'avais été déclaré Élu de l'Arbre de Vie ...

« Que veux-tu, ce corps bien fait les attire comme le miel attire les mouches », répondis-je rêveur, haussant les épaules et plaquant d'une main mes cheveux en arrière.

- Ce n'est pas la modestie qui t'étouffe en tout cas ... AAAAAAAAH

Dahn poussa un cri qui me fit sursauter, tant par sa soudaineté que par sa puissance. Aussitôt, je fis volte-face pour le découvrir assis par terre, la respiration haletante, le teint pâle.

« Nom d'une hiboulette déplumée, n'as-tu aucun respect pour mon palpitant ? » tonnais-je, furieux, me tenant la poitrine fermement. « Qu'est-ce qu'il y a, cette fois ? Tu as vu une araignée ? »

Il me tendit un index dans la direction derrière moi.

- Un ... un ... on ... on m'a tiré dessus ! bredouilla-t-il.

« Comment ça, on t'a tiré dessus ? »

- Je te jure !! Ça venait de là-bas ! Un truc a volé dans ma direction !

J'allais aussitôt dans la direction opposée, cherchant des yeux l'objet non-identifié que Dahn jurait avoir vu passer à ses côtés, et il ne me fallut pas longtemps pour ramasser un petit couteau affûté. Soudain, devant nous, une voix retentit.

- Qui est là ? Je préviens je suis armé, croyez moi vous ne me voulez pas comme adversaires !

Dahn et moi échangions alors un regard incrédule. Un inconnu qui nous était encore invisible venait de leur lancer des couteaux sur la pomme, et prévenait ensuite qu'il était armé ? Je soupirais longuement d'agacement. J'en avais croisé des specimens dans cette forêt, mais il était parfaitement hallucinant que je me coltine toujours les personnages les plus loufoques ...
Je décidais alors de m'avancer vers l'individu qui nous avait interpellé mais Dahn fut plus rapide que moi - après tout, c'était lui avait vu sa vie défiler devant ses yeux. Déjà remis debout, il fonça en avant, vers la voix que nous avions entendue et déboula en hurlant.

- Non mais ça ne va pas, ou quoi ? C'est quoi ces manières de jeter des objets tranchants sur les gens, hein ? T'es bigleux mon gars ? J'avais l'air d'être du gibier ?

Enfouissant mon visage dans une main, je soupirais de nouveau de dépit avant de le suivre sagement, et d'intervenir avant que les choses ne s'enveniment. Arrivé à la hauteur de Dahn, je déposa une lourde main sur son épaule pour lui faire comprendre de se taire. Ainsi, je prenais les choses en main.
L'homme que nous découvrions avait des allures de chasseurs, sans toutefois d'arc à son dos. La barbe légèrement broussailleuse lui donnait un air plus âgé, mais ses yeux fatigués me donnaient le sentiment qu'il n'était pas beaucoup plus vieux que je ne l'étais.

« Bien le bonjour, l'ami ! Pardonnez le langage châtié de mon ami, c'est que vous nous avez pris de court avec vos lancers de couteaux ! »

Je lui lançais le sien pour le lui rendre.

« Faites attention avec ça, vous pourriez éborgner quelqu'un malencontreusement », lui lançais-je finalement dans un clin d’œil appuyé.

La diplomatie n'était pas mon fort, mais je devais avouer avoir acquis quelque expérience maintenant, à force d'écouter Rufus dialoguer et négocier avec les clients. Et puis, ce n'était jamais un mal de se montrer plus sympathique et innocent qu'on ne l'était, surtout dans mon cas : je n'oubliais pas que j'avais toujours des chasseurs de prime aux trousses. On m'avait surement dépeint comme étant la plus belle ordure qui était, alors, je m'employais toujours à faire bonne figure, et à user de mon sourire enjôleur pour me sortir des emmerdes. Et jusqu'ici, ça payait plutôt bien.