Mélaskholès avait vu qu'un grand tournoi se préparait à l'arène. Il ne savais pas exactement à quoi s'attendre bien qu'il avait déjà foulé le sable de cet endroit. Il y avait affronté Anay. Quel souvenir l'acolyte gardait de ce moment ! Ça avait été le théâtre d'une représentation comme il en existait peu. C'est que peu de personnes avait l'âme d'un artiste. Et c'est cette même âme qui incita Mélaskholès à parfaire ses techniques en se rendant dans la forêt, de son propre gré cette fois-ci.

Il voulait offrir le meilleur des spectacles et pour ce faire, il lui fallait impérativement gagner en endurance. L'arène n'était pas un théâtre comme les autres (ce n'était pas un théâtre du tout, mais le jeune homme l'ignorait encore). C'est donc après s'être inscrit que Mélaskholès profita du temps qu'il avait encore devant lui pour acquérir de quoi époustoufler son public. Il aurait aimé s'y rendre accompagné, car il en avait assez de ses escapades en solitaire dans les montagnes pour récupérer du cuivre qu'il peinait à trouver. Cependant, personne ne s'était montré disponible. Il aurait été même plus juste de dire que personne ne s'était montré, tout simplement. L'homme masqué avait cherché partout dans la capitale, espérant croiser des connaissances mais cela avait été en vain. Depuis le serment de l'abominable maître (et accessoirement depuis la lutte contre les terribles créatures) il n'avait pas eu la moindre nouvelle de Lilith et cela l'inquiétait. Le Gros Didier, qui avait été le seul à croiser, n'avait pas su quoi lui dire.

Lilith était une fille forte, alors pourquoi s'en inquiéter ? Cette balade en forêt avait aussi pour but de lui vider l'esprit qui, ces derniers temps, était plutôt chargé. Finalement ce n'était peut-être pas une mauvaise chose de se retrouver en tête à tête avec lui-même.

Au bout d'une longue promenade au milieu des arbres, il finit par trouver une petite clairière baignant dans les rayons du soleil. Elle formait un cercle quasi parfait, comme si aucun arbre n'avait voulu envahir cet espace. Tout portait à croire que ce magnifique endroit n'attendait que lui ! Il trottina donc jusque là-bas et ferma les yeux, profitant de la chaleur du soleil. C'était parfait comme endroit ! Il n'avait pas le moindre doute. L'espace aussi bien dégagé lui rappelait l'arène. Il n'aurait aucun mal à s'imaginer là-bas. De parfaites conditions comme celles-ci semblaient irréelles.

« Que les répétitions commencent ! » proclama-t-il en écartant les bras devant un public imaginaire. Après quoi, il toussota. Il allait probablement devoir se présenter. En plus de ça, il avait appris que le roi en personne serait présent pour... il ne savait plus exactement pourquoi il allait être là. D'après ses souvenirs, le roi allait nommer le meilleur interprète ou quelque chose comme ça. C'était une raison de plus de se préparer comme jamais auparavant.

Il s'imagina alors aux portes de l'arène. Il alla jusqu'à la lisière de la clairière pour mieux se l'imaginer. Puis il avança, d'une démarche solennelle. Les premières impressions étaient cruciales se disait-il. Son imitation le faisait ressembler à un semblant de noble qui s'était apparemment bloqué le dos. Lorsqu'il arriva au centre de son arène fictive, il toussa à nouveau dans le but d'attirer l'attention de son public, tout autant imaginaire.

« Cher public... » A peine avait-il prononcé ces quelques mots qu'il s'arrêta pour réfléchir. « ... Cher Roi. » ajouta-t-il précipitamment. Ça aurait été une erreur de ne pas le saluer. Il était tout de même LE roi et celui qu'il fallait impressionner en priorité. Au fond de lui Mélaskholès rêvait de se voir nommer meilleur comédien. « Je me présente, Mélaskholès Hyprate pour vous servir et vous divertir ! »

Après s'être particulièrement bien défoulée sur les cergles des montagnes célestes, Anay consentit enfin à rentrer à Arswalt, maintenant que sa fureur était retombée. En arpentant les commerces du quartier des artisans afin de revendre quelques ressources qui l'encombraient lourdement, elle fut intriguée par toute cette effervescence palpable dans la cité. On parlait d'un tournoi, et la blonde ne pouvait feindre un désintérêt. Au contraire, ce mot suscitait une curiosité qui lui était propre, et c'était tout naturellement qu'elle avait arrêté un badaud dans la rue principale.

« Bonjour, l'ami. Je viens de rentrer en ville, quelle est cette animation, et ce tournoi qui est sur toutes les lèvres ? »

- Vous n'êtes pas au courant, ma p'tite dame ? Le roi organise un grand tournoi pour élire le meilleur combattant de la capitale ! Que dis-je, de tout Naggaroth ! C'est un grand événement, tout s'attend à ce que Sa Majesté soit généreuse. Si vous voulez vous inscrire, faites-le vite !   ajouta-t-il en notant la présence de son bouclier et de son épée.

Et il poursuivit sa route, une fois l'information passée. Anay pour sa part avait les yeux qui brillaient d'une nouvelle lueur. Un tournoi ! Voilà qui lui était salutaire, et lui changerait les idées. Tout en s'inscrivant, elle se fit intérieurement une promesse : si réussir à remporter ce tournoi pouvait être un signe, alors il serait le signe qu'elle ne peut abandonner sa mission première et que plus rien, après cela, ne viendrait jamais à la décourager ni à la détourner de son objectif. Le Fléau serait bouté, et elle ferait partie de ceux qui y seraient parvenus.

Une fois cela fait, tenir en place dans Arswalt relevait de l'impossible. Elle était beaucoup trop impatiente de faire ses preuves. Et le fait que tout le monde ne fasse que parler de cela n'arrangeait rien à son excitation. La mercenaire décida alors d'aller s'isoler dans la forêt d'Istralis. Peut-être même pouvait-elle s'y entraîner un peu.
Et une fois son petit campement trouvé, qui avait sensiblement changé, d'ailleurs, elle n'hésita pas une seconde à aller déposer ses tout nouveaux collets achetés et dont elle n'avait pas encore eu l'usage. Sans difficultés, elle avait retrouvé le sentir qui menait à cette fructueuse prairie pour aller poser les pièges et c'est tout naturellement qu'elle refit le chemin le lendemain matin pour aller les relever.

Quatre lapins tués et suspendus à sa ceinture, elle rentrait quand tout à coup, une voix familière résonna à travers l'immensité de hêtre. Intriguée, elle fit confiance à ses oreilles et suivit le bruit des conversations. Enfin, ce n'était pas vraiment une conversation en soi, elle le comprit en se rapprochant de l'endroit d'où émanait cette voix si particulière couplée à un tintement de clochette. Cachée entre deux arbres, elle observa alors Mélaskholès, en plein monologue, s'adressant à un public fictif. Pouffant de rire, la blonde avait ensuite levé les yeux au ciel. Dire qu'à présent, ce genre de situation ne l'étonnait même plus quand cela concernait l'acolyte ...

« Bonjour à toi, Mélaskholès Hyprate, je suis Sylvestre, l'Arbre-Roi d'Istralis », lança Anay, la voix rauque, mains en cône devant sa bouche pour que soit portée sa voix. « Par mon écorce, je te salue ! »

La plaisanterie était beaucoup trop tentante. Calée et cachée à bonne distance de Mélas', dans son dos, elle n'avait pu s'empêcher de se montrer puérile. Et connaissant la naïveté de son ami, à coup sûr cela allait prendre.

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'1D5 (Dé de métier)' :

Après ses nouvelles rencontres et ses combats, il était temps pour la jeune de revenir dans la forêt d’Istralis, par ailleurs, elle en aurait profité pour couper des arbres, elle commençait à manquer cruellement de bois d’hêtre pour faire tourner sa forge.

Comme à son habitude, elle avait emprunté le même chemin, un sentier fort fréquenté, sur lequel on pouvait observer des traces de pas d'humains et d’animaux. Il faisait bien plus froid que les autres jours, les feuilles des arbres commençaient à jaunir et à tomber, c’était une période que Eleanor adorait.

Alors qu’elle se rapprochait de son lieu de récolte habituel, elle avait entendu au loin des bruits, curieuse, elle se rapprocha le plus près possible. Ayant vécu récemment des rencontres fortuites, elle préférait être prudente. En ses qualités d'acrobate, il fallait qu’elle se montre discrète. S’étant cachée derrière les buissons, elle avait reconnu la silhouette de Mélas, l’homme qu’elle a tant de mal à cerner.

En tendant l’oreille, elle avait bien entendu Mélas simuler une représentation dans une arène, encore une fois, elle ne pu s’empêcher de rigoler, elle dû mettre les mains devant sa bouche pour ne pas qu’il l’entende. Aussitôt, elle entendit une voix féminine, qui lui était aussi familière ; c’était Anay.

Elle n’aurait pas imaginé la guerrière se prendre au jeu, en quelques secondes, elle était parvenue à “casser” son image de cette femme si sérieuse. Afin de participer à ce spectacle, la rousse s’était prêtée au jeu.

Eleanor s’était mise à taper dans les mains, elle avait applaudi, sifflé, pour simuler un public fictif. Poussant le délire à son paroxysme, elle avait commencé à parler à voix haute.

“Longue vie au roi, longue vie au Roi”, pour donner plus de crédit à ses propos, elle avait répété cette phrase à plusieurs reprises.

Dans l’attente de réaction de ses compatriotes, Eleanor avait sorti sa hache et commençait à taper dans l’arbre à proximité d’elle pour récolter du bois de hêtre.