Le jeune homme avait entendu parlé de créatures se trouvant dans la campagne d'Arswalt et aux montagnes célestes. L'un comme l'autre, cela le tentait et cette envie d'aventure ne faisait que rendre encore plus frénétique les palpitations qu'il avait au niveau du cœur. Toutefois, il n'était pas fou au point de partir seul. Après tout, rien ne dit que la créature était dangereux et il avait demandé à son patron de la taverne dans parler à des gens qui pourrait être potentiellement intéresser de le rejoindre au pied de la montagne. Bien qu'il ne voulait pas le faire seul, si personne ne le rejoignait d'ici deux jours, cela voudrait dire qu'il ne devrait attendre personne d'autres. Et après avoir mis les choses au point avec le tavernier, il se retirait pour préparer son paquetage avant de s'en aller vers la montagne Céleste.

Le voyage se passait relativement bien et respirer l'air frais lui faisait un plus grand bien. D'autant que le temps était plaisant. Ni pluvieux ni trop froid, malgré qu'une légère brise se levait. Cela ne lui faisait que le plus grand bien à vrai dire. Il ne s'arrêtait que lorsque cela était nécessaire et dormait peu. Il pourra se reposer plus aisément une fois en bas des montagnes. Et bien que par moment il avait envie de s'arrêter pour se reposer, il n'en faisait rien. Il ne faisait que de brève halte pour manger un petit morceau et s'hydrater avant de repartir de suite après. Trop tarder sur un endroit pourrait attirer des créatures et combattre inutilement n'était pas pour lui.

Finalement, après deux jours de marches, il se trouvait au point de rendez-vous et patientait autour d'un feu de camp en se reposant afin de reprendre des forces. La route a été longue et reprendre de l'énergie était la première tâche à accomplir en attendant que des gens désirant venir avec lui arrive... Ou pas.

Avec toutes mes péripéties à droite et à gauche, j'avais bien besoin d'une pause, et de retourner à la vie citadine d'Arswalt. Une bonne semaine maintenant que j'étais retourné à la capitale, roulant les bordels, passant un agréable moment, oubliant le temps de quelques nuits mes ennuis. C'était bien avant le tournoi du roi, et avant que je ne tombe sur cette damnée lettre qui avait changé ma vie. Il y eut cette soirée, cette funeste soirée, qui ne se passa absolument pas comme je l'avais prévue.

Au Temple de la Rose, l'un des bordels où j'aimais passer mes nuits, les filles qui savaient que j'étais un habitué étaient toutes en joie, et fières de me présenter une nouvelle arrivante dans l'établissement. Dès que je l'eus vue, j'aurais pu facilement me pourlécher les lèvres d'envie. Elle avait tout ce qu'il fallait où il fallait, et il n'y avait aucun doute sur le fait que très vite, la petite allait être la vedette du bordel. Un minois charmant, des lèvres pulpeuses, une gorge des plus généreuses, une chaude cuisse enlacée contre moi, j'étais tout prêt ce soir à la ravir et, comme le disait Belle, la gérante du Temple, tester la marchandise. Je m'étais empressé de la préparer avec tout le soin que j'apportais d'ordinaire aux autres avant de la conquérir fièrement sur la couche de la chambre étroite et illuminée seulement de chandelles. Par je ne sais quel sortilège m'affectant, je n'éprouva pas la même ardeur que d'habitude. Je n'arrivais à rien, pour ma plus grande honte et atteinte à ma fierté d'homme. Devant les rires des filles qui ne restèrent pas bien longtemps dans l'ignorance, je quittais le Temple pour noyer ma frustration - et mon embarras - dans l'alcool.

C'était ainsi que je décidais de retourner dans une taverne où pourtant j'avais pour habitude d'aller jouer aux cartes. Le patron était un bon gars, et comme j'étais le seul péquenot à régler mes dettes de jeu et de consommation, il m'avait à la bonne. L'ambiance n'avait pas changé d'un pouce et c'était avec une bonne humeur retrouvée que je m'asseyais au comptoir. Le tavernier exprima son plaisir de me revoir, et nous avons échangé quelques nouvelles, en bonnes connaissances qui se retrouvaient. Il me parla de ce Krænør, embauché il y avait quelques temps. Une bonne chose, lui confirmais-je, au vu du nombre de fois où les bagarres éclataient à cause de tricheurs dans les parties de cartes, ou de dés. Ce même Krænør, un Élu, qui s'était lancé dans une folle quête dans les Montagnes Célestes et qui cherchait des compagnons de route. Il attendrait à tel endroit, à telle heure.

- Tu y vas bien pour ton cuivre, non ? Pourquoi tu ne le guiderais pas ? Tu connais bien mieux la montagne que lui !

« Ah, je suis désolé, il y a longtemps que je n'empreinte plus ces chemins escarpés. Je mine le fer dans la forêt du grand noyé, à présent. Et puis, j'fais pas dans l'humanitaire. C'dangereux mine de rien là haut. J'y vais pas pour rien. »

Il avait soupiré, comprenant l'allusion.

- Très bien ... Trois.

Je souris avant d'achever mon pichet de bière et sortis sans payer. Je venais de me faire offrir trois semaines complètes, dès mon retour, d'alcool en tout genre.
J'attendis l'aube pour payer une navette qui s'y rendrait au plus près, puis, quand nous furent arrivés au dernier embranchement, je sautais de la carriole, et fourrais mes mains dans les poches, une cigarette fraichement roulée aux lèvres.

Très vite, je repérais la fumée d'un feu et m'y dirigea sans mal. A vue de nez, je compris au nombre de silhouettes qu'il n'était pas tout seul, le compère, et c'était fort heureux : la mission serait vite clôturée. En quelques grandes enjambées, j'arrivais à leur mesure puis, me figea en découvrant Alarick et Amorine.

« Ah, putain, c'est pas vrai. Encore vous ... » maugréai-je, ne me rappelant que trop bien nos derniers échanges.

Je m'approchais du feu, passant à côté d'Amorine.

« Encore en vie, vieille harpie ? On a eu la force de déplacer sa carcasse couverte de verrues jusqu'ici ? Épatant ! » m'en pris-je à Amorine, à mi-mot et gratuitement. « Alarick », le saluai-je en me penchant légèrement vers l'arrière pour ignorer la présence de l'enchanteresse qui faisait écran.

Tirant une bouffée que je recrachais presque immédiatement avant de jeter le mégot dans le feu, je fis un signe de l'index à - ce que je supposais être - Krænør.

« Krænør, j'imagine ? J'suis Iain. Élu magicien par l'Arbre. Ton patron m'a dit de te trouver ici. »

Attendant une réponse, je le détaillais plus précisément. L'homme avait véritablement la tête de son emploi, et ce n'était pas étonnant qu'il ait été engagé comme vigile à la taverne. Avec lui et l'épaisseur de ses bras, les tricheurs et mauvais payeurs n'avaient qu'à bien se tenir.

Krænør patientait tranquillement en regardant le paysage autour de lui et vérifiant tout ce qu'il avait sur lui. Ce qui n'était pas grand-chose et pas fameux non plus. Cependant, il était prêt à faire ce qu'il faut pour battre la créature qu'il s'était mis en tête de battre d'ici les prochains jours. Il n'avait jamais combattu une créature de ce genre auparavant et ne savait pas grand chose non plus sur celle-ci. Mais comprenant plus les choses sur le fait plutôt qu'avec des explications pompeuses dont il ne saisirait surement pas le sens autant invité des gens à la chasser avec lui. Au moins il prendrait moins de risque et il serait s'en doute plus à l'aise. Tout ce qu'il espérait était qu'il n'y aurait pas de femmes. Non pas qu'il était sexiste ou autre. Il ne voyait pas d'inconvéniant à ce qu'il y en ai, hormis qu'il serait assez déconcerté et que le jeune homme ne saurait comment leur parler. Jamais on ne lui a apprit comment faire et il n'y comprenait rien aux filles. Ce qui est encore plus difficile pour lui de saisir le sens de leur phrase ou de comprendre les femmes tout simplement.

Passant son temps à se reposer, s'entraîner légèrement et manger, il vit quelques personnes arrivés vers lui. Deux personnes pour être plus précis et parmi eux il y avait une femme. C'est d'ailleurs elle qui prit la parole pour se présenter en profitant pour faire l'introduction de son compagnon. Un compagnon que le jeune homme regardait de haut en bas en se disant qu'il avait une musculature assez fine. Et en entendant le fait qu'il soit acrobate, il comprit pourquoi. Cependant, il n'était pas question pour lui de juger quelqu'un sur son physique. Il ne voyait pas de raison de le faire. En revanche, lorsque l'enchanteresse lui posa une question, il tournait ses yeux sur elle et cherchait une réponse convenable bien que le fait de ne voir personne aux alentours répondaient déjà à sa question.

- Personne. En un seul mot, il venait de répondre tout en plombant l'ambiance involontairement. Il n'était pas du genre à parler pour ne rien dire et si un seul mot suffisait pour répondre à la question alors cela était plus que satisfaisant à ses yeux. Ni plus ni moins. Ne disant plus rien et attisant de nouveau le feu afin qu'il ne vienne à s'éteindre, Krænør contemplait les crépitements de celui-ci en se remémorant sa vie passée avec sa famille et ce qu'il aurait pu devenir si ses parents auraient pu rester avec lui dans leur maison près de la forêt d'Istralis. S'en doute un chasseur ou un fermier. Cette pensée le faisait légèrement sourire, mais il fit vite tirer de sa rêverie en voyant une nouvelle personne arrivée. Cette fois, c'était un homme seul et au dire de ses mots, il semblait connaître le duo qui l'avait rejoint il y a peu.

Il se présentait alors après avoir eu des mots avec le duo. Et n'y comprenant pas grand-chose, il ne cherchait pas à en savoir plus. Mais sachant que le temps était presque écoulé, autant mettre les choses à plat avant de partir à la chasse.

- Je compte partir chasser des cergles royaux. Je n'ai jamais combattu réellement de créatures ailés dans les montagnes. Si vous en savez plus que moi, j'écouterais. Mais je ne suis pas doué avec les mots. Je préfère l'action que les belles paroles. J'espère qu'accompagner quelqu'un d'asocial ne vous dérange pas. Je suis un nouvel élu mercenaire. Enfin d'après une personne.

Le jeune homme n'avait jamais autant parlé et se demandait d'ailleurs comment il avait pu autant parlé. S'en doute ne dira t-il plus rien par la suite. Il avait fait son quota de parole pour plusieurs jours pour sûr.