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'1D3 (Dé de métier)' :

Mélaskholès resta finalement plus longtemps que prévu à la capitale. A l'origine, il faisait simplement une pause mais celle-ci dura. Après plusieurs nuits à dormir sur le sol dans les mines, il appréciait bien trop le confort de son matelas de plumes pour l'abandonner si rapidement. Il fit appeler la femme de l'aubergiste à plusieurs reprises pour qu'elle lui servît sa nourriture à même le lit. Elle ne faisait jamais le moindre commentaire et semblait apprécier la présence de l'acolyte. Celle-ci ne rechignait jamais à lui rendre service. D'après les rumeurs (et celles-ci étaient nombreuses dans l'auberge) l'aubergiste et sa femme n'avait jamais réussi à faire d'enfant. Mélaskholès se faisait un profond plaisir de lui offrir l'attitude d'un enfant capricieux. Pourquoi s'en priver alors que tout le monde y trouvait son compte ?

Un matin, alors qu'il trainait au lit comme chaque jour il dit à la femme de l'aubergiste venue lui servir son repas.

« Je vais devoir m'en aller... non s'il vous plaît, je vous en prie. Ne soyez pas triste ! » Il détourna la tête, honteux qu'un enfant infligeât pareille douleur à sa mère. Puis il se souvint que ce n'était qu'un rôle et qu'elle n'était pas sa mère. « Vous savez, je ne peux rester éternellement ici... Sauf si vous tenez à m'offrir le logis auquel cas je réfléchirais... Mais ce n'est pas le cas donc je pars ! »

Celle qui jouait le rôle de sa mère le regarda curieusement. Il suffisait de voir son expression pour voir qu'elle ne comprenait absolument pas. Elle lui adressa un sourire polie, puis se retira en fermant la porte derrière elle. L'acolyte récupéra ses affaires qui avaient toutes été soigneusement lavées. Il mangea en quelques bouchées son repas conscient qu'il lui fallait des forces pour entreprendre un nouveau périple dans les montagnes. Enfin, avant de partir il lança un regard attristé à son lit. Décidément que de difficiles séparations en ce début de journée !

Il partit à son tour, fermant la porte à clé. Il la remit à l'aubergiste tout en lui demandant de lui préparer une chambre pour son retour. Ils étaient habitués à sa présence et savaient quoi faire.

Une nouvelle aventure commençait, Mélaskholès avait déjà sorti sa pioche qu'il tenait à sur son épaule. Sur la route il croisa des fermes avec des citrouilles dans le potager. C'est un fruit qu'il avait toujours trouvé curieux, de par sa forme et sa couleur. Sans parler de sa taille qui pouvait devenir conséquente !
Mélaskholès trouva ainsi de quoi s'occuper le restant du trajet. La citrouille lui avait donné matière à réfléchir.

Très vite il retrouva sa grotte qu'il connaissait et n'eut pas de mauvaise surprise, à savoir un autre mineur venant lui voler son cuivre. Satisfait, il sortit son attirail de son sac pour préparer de quoi allumer une mèche. Lorsque celle-ci s'enflamma et qu'il fut satisfait, il abandonna ses affaires dans un coin. Le même recoin qu'il utilisait à chaque fois. Il s'assurait ainsi que personne ne les lui prît. Il put alors partir en quête de cuivre. Il avait l'intention d'en récupérer le plus possible et ce dans un bref délai afin de ne pas passer trop de nuit à dormir sur un sol rocheux et douloureux. Il n'osait plus dormir sous la pleine lune, de peur d'être réveillé par des créatures malveillantes.

Il finit par trouver ce qu'il cherchait et gratta de la pointe de sa pioche, sifflotant d'allégresse. Cela était toujours le cas en début de journée. Lorsqu'arriverait la nuit, il risquait de manquer de courage pour siffler toute sa bonne humeur.

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'1D3 (Dé de métier)' :

Un coup de pioche. Deux coups de pioche. Des gravats tombent au sol, mais ce n'est que de la roche. Douce derrière moi baille. Elle s'ennuie. Depuis combien de temps j'étais dans cette cave ? Deux heures ? Peut-être trois ? Et pas l'ombre d'un cuivre. Je ne savais pas pourquoi je continuais, alors qu'il était évident que les filons de cette mine étaient épuisés. Peut-être parce que ça me faisait un bien fou de pouvoir m'acharner à marteler de l'instrument contre un mur. De détruire quelque chose.

Mon "escapade" à Hautmont ne s'était pas vraiment déroulée comme je l'imaginais. Et pire encore, les réponses à mes interrogations ne m'avaient pas plus. J'étais énervé, et il fallait que je passe ma colère sur quelqu'un. Et comme le meurtre était illégal, je m'en prenais à cette pauvre roche qui n'avait rien demandé. C'était mieux que la prison, ou la potence.

Douce bêla de nouveau, d'impatience.

« Ouais, ouais. Ca va. On bouge. On passe à la mine d'à côté. »

Je rassemblais mes affaires, pioche sur l'épaule, le cornu qui était assis jusque là sur une pierre plate trottina vers l'extérieur, pas mécontente de se dégourdir les pattes, j'imagine. Je la suivis et lui laissais le choix de la cavité suivante. Elle se réinstalla tranquillement, tournant d'abord en rond avant de se mettre en boule et de démarrer ce qui fut sa meilleure sieste. Je me doutais bien que pour l'instant, je ne lui offrais pas grande aventure, ni des masses de rebondissements intéressants, mais pour l'heure, je n'avais pas vraiment envie de retourner à la capitale. Rufus et Dahn avaient sans doute compris, au vu de la disparition de la lettre de Lucia, que j'étais au courant; et ils allaient vouloir que je leur explique où j'étais passé toutes ces semaines durant. Et surtout, ils allaient vouloir savoir quelle décision j'avais prise.
Est-ce que je me cachais dans les montagnes en attendant d'avoir le courage pour les affronter ? Totalement.

Un coup de pioche, deux coups de pioche. Des gravats tombent. Deux morceaux de cuivre se dévoilent à ma vue.

« Beh voilà. Encore dix comme ça, et j'suis bon ! »

Douce leva sa tête vers moi, les yeux à moitié endormis, puis se recoucha comme si ce que je venais de dire n'avait pas le moindre sens pour elle.
Et en soit, surement que non. Encore que, je m'étais toujours étonné de son incroyable capacité à comprendre ce que je disais. Parfois même, ses réactions semblaient presque humaines. Sans doute le fait qu'elle soit mon familier, et qu'un lien particulier nous unissait.

Quelle décision j'avais prise, hein ? Je n'en avais pas la moindre foutue idée. J'accusais encore le coup, il ne fallait pas m'en demander davantage pour l'instant. Cela dit, je ne pouvais pas me cacher indéfiniment ici non plus ... Il faudrait bien que je leur apporte des éléments de réponse, histoire d'avoir la paix.
Rhaaa pourquoi ça me tombait dessus ?!
La colère remontant en moi, je mis toutes mes forces dans mes prochains coups.