Shéhérazade est une enfant de la tribu nomade Abadan. En mouvement perpétuel, ce groupe de marchands et de mercenaires se fixait l’objectif d’explorer le désert véhément, sans jamais trop s’éloigner des côtes maritimes. Ce clan provenait en grande partie de la ville de Beldine, dans laquelle il revenait régulièrement. L’époque des vertes prairies était révolue, seule la sécheresse du sable et les quelques oasis d’ombre et de fraîcheur persistaient. Cette tribu reposait sur la tradition d’un règne matriarcal. C’est sa grand-mère (Séphora) qui, durant l’enfance de la rose des sables, menait le clan à travers le désert, affrontant les dangers avec courage et détermination. En guerre contre certains clans ennemis, toute occasion était bonne afin d’attaquer et de les réduire à néant. La tribu venait aussi en aide aux autres voyageurs solitaires du désert, n’hésitant pas à les prendre sous leur protection, créant ainsi un groupe de plus en plus large mais aussi de plus en plus mixte et métissé dans les cultures et les idéaux.


C’est dans ce contexte que peut s'épanouir dans l’enfance notre Shéhérazade. Gamine vaillante et courageuse, elle ne semble pas connaître ses limites et veut réussir tout ce qu’elle entreprend, avec une certaine solennité. Enfant, elle regardait avec des yeux émerveillés sa grand-mère diriger le groupe, d’une main ferme mais empathique. Les premiers signes de l’attrait du pouvoir et des responsabilités. C’est aussi à cette période de sa vie, qu’elle acquiert le goût d’un certain style, elle aime les belles étoffes, et aime créer des babioles pour s’en servir de bijoux. Créative, elle s’imagine en princesse guerrière, richement habillée, à se battre aux côtés de sa famille contre les créatures du Fléau. Evidemment, il lui faudra bien des années avant de voir son rêve se réaliser. Chouchoutée par les adultes, idolatrant sa beauté, Shéhérazade se permet bien des caprices, chose qu’elle ne perdra malheureusement pas avec l’âge… Elle aime le retour régulier à la ville, dans laquelle elle perçoit un danger différent de celui du désert.


Protégée par ses aînés durant son enfance, elle insiste pour commencer l’apprentissage du combat et aider le groupe. C’est à ses douze ans que sa grand-mère accepte de la voir s'entraîner aux armes. La petite fille, déjà grande pour son âge, se trouve douée d’une certaine agilité mais fonce trop souvent tête baissée dans le danger. Épée, dague, arme d’haste, masse, les tentatives sont nombreuses pour en faire une guerrière aguerrie, une mercenaire digne du clan Abadan. Néanmoins, Shéhérazade ne se retrouve pas dans les combats rapprochés, et elle a du mal à admettre ses erreurs. Cet entraînement n'aboutira pas à la concrétisation du rêve d’enfance. Sa famille préférant lui laisser le poste de secouriste durant les batailles, sa vision affûtée pour repérer les membres du clan dans le besoin vital. Elle apprendra beaucoup de ces années, et trouvera une grande satisfaction à sauver les mercenaires durant, ou après, les combats.


D’une aide désormais précieuse pour son groupe, Shéhérazade entre dans la vie adulte  avec confiance, surtout que le clan Abadan prospère à travers les alliances au sein du désert. Mais rien n'est éternel, même dans le désert. Après une longue bataille, difficile contre un clan ennemi et sous une chaleur extrême, Sephora, la digne grand-mère, s’éteint et part pour son dernier voyage, seule, cette fois-ci. Les funérailles rituelles sont faites, la mère de Shéhérazade prend la tête du groupe cosmopolite pour poursuivre l’héritage de la tradition matriarcale. Le clan connaît des difficultés, certains veulent profiter du décès de Sephora pour ravir la place de chef du groupe, d’autres partent pour rejoindre d’autres tribus nomades… Shéhérazade ne peut qu’assister, triste et révoltée, à la fin d’une époque..Les trahisons se multiplient envers la nouvelle cheffe, les autres clans tentent également de profiter de la situation. Il était insupportable pour Shéhérazade de voir ce manque de respect de la part de son propre clan. Elle ne pouvait rester sans rien faire face à ces comportements indignes. Sa mère n’était plus en capacité de gérer cette situation, elle n’avait pas la force de Sephora.  


Avec quelques membres loyaux de la tribu, Shéhérazade décida de mettre un terme aux agissements douteux, et sacrifia les perfides traîtres aux dunes du désert, les laissant sans eau ni nourriture. Seuls, face à leurs péchés et ne laissant aucune autre issue que la mort dans une agonie de sécheresse. Le clan n’était plus, il fallait désormais prendre une lourde décision et tourner la page, interrompre la tradition familiale. Retournant à Beldine, laissant les derniers membres du clan partir à une nouvelle vie, elle embarqua dans le premier navire avec sa mère, pour la grande capitale. Shéhérazade voulait maintenant découvrir le monde, apprendre à faire grandir son pouvoir et trouver sa place. Différente au milieu des habitants de la capitale, avec sa peau foncée au milieu des peaux claires, Shéhérazade est prête à devenir la princesse de ce nouveau monde qu’elle veut découvrir, apprivoiser, et dominer.