Le garde, visiblement très pressé, bafouille à Alice quelques mots expédiés, lui désignant un bâtiment de la caserne de l'index. L'accueil. Il aurait été difficile de s'y retrouver par ici, ce n'était pas comme s'il y avait des panneaux indicateurs partout, ou comme si les bâtisses portaient des enseignes équivoques. Non, véritablement, seul ceux qui ont déjà mis les pieds dans une caserne pourraient savoir comment s'orienter.

C'était le cas d'Arthur, puisqu'il avait reçu des formations militaires dans sa jeunesse. Il alla directement à l'accueil d'un pas décidé, manquant presque de bousculer la jeune Alice, n'ayant même pas conscience qu'il était passé à côté de quelqu'un qui n'était pas de carrière militaire. Dans tous les cas, il ne passe pas inaperçu, avec ses deux épées pendouillant sur ses côtés et sa cape au vent. Tout chez lui inspire l'Élu de l'Arbre de vie.

Le préposé à l'accueil, un gratte-papier au nez proéminent et aux yeux minuscules, ne lève le regard vers Arthur que lorsqu'il lui tend le document. Il souleva son séant comme si c'était le plus gros effort de la journée, et déposa sur tarin gigantesque un dispositif de lecture composé de deux cercles de verre. Il prit tout le temps du monde pour lire l'entièreté de la missive royale, ne s'interrompant qu'à l'arrivée d'une jeune fille à la crinière de feu.

« Oui, une petite minute Mademoiselle, je suis occupé ! » lança-t-il, cinglant, levant presque les yeux au ciel, alors que l'arrivée n'avait même pas encore ouvert la bouche.

Pour un préposé à l'accueil, il n'était pas très accueillant.
Puis, l'homme se réinstalla, ignorant tout ce qu'Alice aurait pu lui rétorquer, retira son dispositif en verre et croisa les doigts sur le bureau.

« Bien, ça m'a l'air très officiel tout ça. Mais je ne peux pas vous laisser arpenter librement la caserne comme ça, sans que la capitaine Ville n'ait été avertie au préalable. Je vais faire mander quelqu'un pour vous escorter jusqu'au bâtiment de la haute administration. Installez-vous », lance-t-il à Arthur en lui désignant un simple tabouret de bois un peu plus loin. « Bien, je suis à vous Mademoiselle. Que voulez-vous ? »